#DigitalTrends eSanté Ruptures technologiques

#DigitalTrends eSanté Ruptures technologiques

Table-ronde #1 du 9 mars 2021 | Compte-rendu | Replay vidéo

L’humain au coeur de la décision

Course au vaccin, essor des téléconsultations, accueil des patients, la première année de crise sanitaire est riche d'innovation et d'accélérations

« De tels résultats en moins d’un an, c’est un exploit inédit » loue Gabriel Martin, vice-président et general manager de ViiV Healthcare France au sujet du développement des vaccins qui, pour lui, a été « l’événement marquant » de cette crise sanitaire. Antoine Flahaut, docteur en médecine, le confirme évoquant, ainsi, « l’avènement d’une révolution vaccinale ». Il soulève la rapidité quant aux premières ampoules de Moderna après la publication du séquençage réalisée en Chine. Il souligne « la prouesse technologique inédite » et rappelle qu’ « il a fallu moins d’une année pour une autorisation de mise sur le marché. Aujourd’hui, on a un vaccin d’une extraordinaire efficacité. On peut imaginer que d’autres maladies pourront profiter de ce type de technologie ». « Souvent les crises permettent de faire des sauts technologiques » ajoute-t-il.

« Nous n’étions pas préparés à cette transformation. Il y a la question de l’innocuité » explique Gabriel Martin soulignant la portée concrète du numérique quant aux échéances permettant « d’aller à l’essentiel ». Avec le numérique, « les temps de discussion et d’évaluation » ont été raccourcis. 

Cette rapidité relevée par David Lacombled peut avoir un impact sur l’appréhension.  Aussi, il s’agit pour le président de La villa numeris de « travailler sur ces sujets pour embarquer l’intégralité de la population et d’en porter les vertus ». En outre, les essais cliniques ont été dématérialisés ; « la modélisation a permis le transfert d’informations en direct ». Pour le vice-président et general manager de ViiV Healthcare France, c’est alors le temps de « la découverte et de l’innovation de façon continue ». Les apports du numérique sont, ainsi, considérables. Evoquant le rôle des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) ayant pu réaliser des dépistages du Covid-19, Antoine Flahaut souligne « la transformation de la façon de travailler » grâce à la technologie. Avec la modélisation, les données sont accessibles « en temps réel et pour tout le monde. Tous nos développements sont en open science. C’est une vraie avancée ». 

Gabriel Martin relève que « l’Humanité a été capable de se mobiliser face à la crise ». Travaillant avec son laboratoire sur la lutte contre la VIH, il connait l’importance de l’apport d’une amélioration pour le patient. Il s’agit de « mettre le patient au cœur de nos développements ». 

De la pédagogie 

« Incertitude, méconnaissance permanente et remise en question » ; Laure Comar, directrice de l’information médicale du groupe Elsan a été marquée par ces interrogations présentes, dès le début de la crise de la Covid-19. « On n’arrête pas de se poser des questions. On manque de visibilité », déplore-t-elle. 

Gabriel Martin souligne que « tout un travail d’éducation » est à réaliser. En effet, « transparence et outils sont nécessaires » afin de traiter les data de santé, explique Laure Comar soulignant que le partage d’informations a parfois été compliqué à mettre en place. « Si cela s’est amélioré, il y a encore du chemin à parcourir », note-t-elle, relevant toutefois les progrès effectués notamment pour « la coordination des établissements ». Pour elle, il importe de trouver « un juste milieu entre une bonne protection des données et une circulation des informations ». Selon Gabriel Martin, il est nécessaire « d’accompagner, d’expliquer et de mettre en place les outils ». 

De 40 000 téléconsultations en mars 2020 à plus de 4,5 millions en avril 2020. « Un coup de boost », relève Laure Comar. « La nécessité fait foi. Les professionnels de santé ont très vite réagi », décrypte Gabriel Martin évoquant leur « très importante ‘learning curb’ ». Pour autant, « le numérique ne résout pas tout » explique Laure Comar. Il convient de « trouver la bonne place de la téléconsultation ». Elle explique que la téléexpertise - « deux professionnels entrant en contact pour s’entraider et bénéficier de l’expertise de l’autre » - « a été très utilisée et continuera à l’être ». 

Aussi, resteront, « la télésurveillance, l’utilisation du numérique comme élément de la chaine de soin. Les technologies resteront ». Pour elle, « tout a été très vite, avant d’avoir défini un cadre ». Citant le Danemark, Gabriel Martin note le rôle joué par « le dossier médical » afin de « faciliter la prise de rendez-vous et l’organisation des soins ». 

Jouer collectif

« Comprendre notre rôle demain par rapport à ce qui a été possible » est le point relevé par Gabriel Martin, citant les échanges d’information menés plus facilement pendant la crise et évoquant « les autorités travaillant avec eux ». Il lui importe de maintenir « la continuité publique-privée. Un vrai enjeu pour les autorités et les laboratoires ». Laure Comar souligne combien « il est important d’œuvrer pour une meilleure coordination afin d’éviter que les maillons soient divisés ». On arrivera à « une meilleure fluidité ». 

Pour Gabriel Martin, si Internet « a facilité beaucoup de choses, on manque de relations sociales. On a besoin de relations de confiance. Dans la réflexion de l’intégration du numérique, l’humain reste au cœur de la décision ». Dans cette sphère des métiers de santé, le point commun est « d’aimer l’humain » souligne Laure Comar. L’importance du lien, le professeur Antoine Flahaut le perçoit à l’université. « la pédagogie doit changer et être beaucoup plus participative. Il faut laisser la place aux uns et aux autres », propose-t-il. Il convient, pour Gabriel Martin, de « travailler ensemble. Le pire serait d’être siloté ». 

La pandémie mondiale aura, de ce fait, manifesté combien importe que puissances publiques, corps médicaux et laboratoires travaillent main dans la main.  

//. Nos grands témoins :

 

Laure Comar

Directrice de l'Information médicale du Groupe Elsan

 Antoine Flahault

Docteur en médecine

Gabriel Martin

Vice-président et general manager de ViiV Healthcare France

 

//. Avec le soutien de :