De si précieuses ressources humaines

De si précieuses ressources humaines

#NewCultureOfWork #DigitalTrends 26/03/20 | Compte-rendu

Leadership

Les dirigeants jouent un rôle majeur dans la transformation de leur entreprise. Regards croisés d'Edouard Lecerf (BVA), de Philippe Alberola (Human to Human) d’Alexandre Tissot (AT Transformations) et de Nadia Leroy (Neva associés).

81% des encadrants interrogés estiment que leur entreprise est en transformation et pour 30% d’entre eux en très forte transformation selon un sondage BVA.

De l’incarnation 

Les dirigeants du CAC 40 ont «une prise de parole relativement timide sur les sujets numériques» selon Philippe Alberola dont l’agence qu’il dirige, Human to Human, a analysé les publications sur Twitter qui reste le «canal d’expression privilégié pour de nombreux dirigeants». 75% des encadrants considèrent qu’il est important voire indispensable que le dirigeant prenne la parole sur les réseaux sociaux selon l’étude de BVA que présentait Edouard Lecerf, son directeur général adjoint.

Sur 18 dirigeants du CAC 40 présents sur Twitter, «7% de leurs tweets sont consacrés à la transformation numérique» note Philippe Alberola. Pour lui, les dirigeants les plus actifs sur ces sujets mentionnent transformation numérique et sujets connexes, en français comme en anglais, à l’image de Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric, de Thierry Breton, PDG d’Atos, à l’époque, et de Stéphane Richard, PDG d’Orange. 

Aussi, Alexandre Tissot, accompagnateur et formateur, expert en transformation, et professeur à ESCP, relève notamment que «les dirigeants parlent de l’innovation et de l’international plutôt que de ce qui se passe dans l’entreprise». Philippe Alberola met en exergue «l’inflation du nombre de prises de parole des dirigeants dans le contexte de crise» lié au Coronavirus au printemps 2020. Il met en relief les enjeux de «prise de hauteur, d’incarnation et de responsabilité». Evoquant notamment la grande distribution, en particulier Système U, Philippe Alberola relève «la valorisation des collaborateurs et des partenaires, le soutien au personnel soignant». 

Les précieuses ressources humaines

«Le sujet de la transformation numérique n’est pas très mis en avant dans l’expression et, est peu porté par les ressources humaines» regrette Philippe Alberola, évoquant toutefois, «des questions qui émergent» comme celles liées à l’intelligence artificielle et la machine ou les modes de travail. 

Alexandre Tissot évoque l’évolution de la question digitale : d’abord tournée vers le client, elle s’adresse à présent aussi au collaborateur «avec un travail sur la mise en place d’outils» tout en déplorant que «l’on s’intéresse de moins en moins à l’organisation du travail» dans les ressources humaines. Cette organisation est davantage portée par les fonctions métier. 

Alexandre Tissot fait part de sa surprise de longue date quant à l’absence de prise de pouvoir des RH : «le DRH doit être mis en avant». Pour lui, «la transformation digitale est un prétexte pour penser l’entreprise de demain». Or, Edouard Lecerf explique que «les encadrants ne sont pas incités à mettre en place les transformations» : 81% des encadrants n’ont pas de bonus spécifique sur la transformation digitale. 42% des encadrants dans une entreprise publique déclarent que leur entreprise n’a pas de budget dédié contre 27% du privé. «La transformation touche de manière homogène tous les types d’entreprise et tous les domaines au sein de l’entreprise» note Edouard Lecerf. Ces transformations concernent, en effet, l’organisation du travail pour 80% des managers d’entreprise en transformation. 

«Pensez-vous que la crise que nous vivons aujourd’hui puisse rebattre les cartes et modifier cette grille des qualités attendues du dirigeant ?» interroge Nadia Leroy, fondatrice du cabinet Neva associés et membre du conseil d’administration de La villa numeris. La crise que nous traversons actuellement est, pour Edouard Lecerf, «un révélateur et un accélérateur». Apparaît, selon lui, «un regard différent sur les fonctions de l’entreprises. On va assister à un vrai moment de réflexion». Il note que «les prochains comex seront forcément différents». Aussi, pour Alexandre Tissot, «on redécouvre la transformation». Il explique que l’«on tire des leçons de la crise sur la notion de collaboration à distance. Il y a un vrai travail de fond en cours». David Lacombled, président de La villa numeris, relève ainsi que «nous sommes tous à l’aise dans le maniement des outils dans nos vies privées et nous avons le sentiment d’être moins bien traités par notre propre employeur.»

(Re)penser le leadership 

«Diriger c’est transformer» considère Edouard Lecerf rappelant que la nouveauté est manifeste dans «un flux d’informations permanent qu’il faut le prendre en compte». Aussi, un manager sur deux a le sentiment d’évoluer dans une entreprise en retard sur les questions du digital. Les managers attendent des dirigeants la gestion des équipes, l’écoute et la créativité afin de mener à bien un projet de transformation. Edouard Lecerf relève les items qui varient quant aux qualités attendues et celles reconnues aux dirigeants. Aussi, pour «l’écoute et l’ouverture aux idées des autres», il y a 14 points de différence, «un vrai décalage». 

La confiance, évoquée par Nadia Leroy, est une attente manifeste : «on a tous besoin que nos dirigeants incarnent ce changement, on a besoin de leur faire confiance». Aussi, Edouard Lecerf relève que sept managers sur dix «ont confiance dans leurs dirigeants pour mener à bien la transformation digitale». Mais 15% seulement font «tout à fait confiance». Il reste des progrès à faire. «Le dirigeant est obligé d’être, lui-même, en adaptation permanente».

«La transformation digitale évolue au fil de l’eau dans un environnement incertain» considère Alexandre Tissot soulignant que l’on est aujourd’hui «dans une culture, remplie d’outillages, de méthodes et d’approches». Il prône «une nouvelle forme de leadership beaucoup plus collective». Pour Edouard Lecerf, le leader doit «prendre des décisions». Ainsi, Alexandre Tissot souligne que l’on rétablit «l’essence du leader, un homme, ou une femme, seul qui doit choisir. Si on veut transformer, il faut transformer son mode de pensée» conclue-t-il.

:: Pour aller plus loin :

  • Un atelier pour poursuivre la discussion >> Participer
  • Sondage BVA pour La villa numeris >> Voir
  • L'écoute des conversations sociales >> Lire

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