Au plus proche des patients

Au plus proche des patients

#DigiLex | 6 juillet 2022 | Palais du Luxembourg 

Innovation en santé, dynamiques territoriales

Nouvelle rencontre de notre Observatoire des enjeux législatifs de la transformation digitale de notre société

Plus que jamais il est nécessaire de renforcer les liens entre les citoyens, les patients, les professionnels de santé, les entreprises innovantes et le monde académique afin de tirer le meilleur parti des technologies et des innovations.

Nos grands témoins, Antoine Tesnière, directeur général de PariSanté Campus, et Carla Gomes directrice du marché Santé de Docaposte, participaient à cette nouvelle rencontre autour de Jean Hingray, sénateur, et de David Lacombled, président de La villa numeris, au cours de laquelle plusieurs dirigeants de start-up sont également intervenus.

Notre système actuel de santé est remis en question par l’ensemble de ses acteurs. L’innovation est précieuse pour le repenser et permettre d’irriguer davantage les territoires.

Des atouts

«Une médecine de qualité, un héritage médical très fort, de nombreuses personnes qui comprennent le système de santé et ont envie de le faire évoluer. On a, quand même, de quoi résoudre l’équation» explique Antoine Tesnière, directeur général de PariSanté Campus œuvrant pour le numérique en santé. Il évoque ainsi «les atouts et les forces pour résoudre les difficultés». D’ailleurs, Antoine Tesnière explique : «l’innovation évolue de plus en plus vite. On a fait plus de progrès ces 20 dernières années que pendant les 200 dernières années». En effet, il rappelle qu’«il y a tous les jours des nouveautés ; il faut comprendre comment les intégrer et les réguler». Dans les moments de tension, «le numérique est pourvoyeur de solutions très intéressantes». C’est, pour lui, «un outil d’intermédiation».

Il s’agit, à présent, de «faire émerger l’innovation et l’accompagner là où elle est», considère Antoine Tesnière. La technologie s’apparente à un vrai levier à l’image du réseau de confiance à domicile Granny & Charly. La cofondatrice et directrice technique, Lucille Valton, explique que la technologie permet «d’identifier les indicateurs de la perte d’autonomie» comme l’appétit ou encore la qualité du sommeil. L’application permet d’«amener le numérique auprès des plus âgés». Il est important, souligne Carla Gomes, directrice du marché Santé de Docaposte de «détecter le risque de perte d’autonomie». Il s’agit de «travailler sur la prévention et l’orientation des patients», indique-t-elle. «Il est nécessaire de créer de nouveaux métiers» explique Antoine Tesnière : «la prévention ce n’est pas le rôle du médecin».

«On a des ressources, des outils et des acteurs». L’enjeu consiste à «accélérer et à passer à l’échelle» explique Carla Gomes évoquant les actions menées par Docaposte, référent de confiance numérique et filiale du Groupe La Poste, qui a notamment coconstruit le dossier pharmaceutique.

Les citoyens au centre

«Rendre le patient acteur de sa prise en charge» voilà l’objectif de Calimed Santé fondé à Marseille par Frédéric Suant. Entendant étendre la gestion décentralisée de l’information et du temps au domaine médical, Frédéric Suant évoque le consentement numérique éclairé pour les actes de soin. Il s’agit là de «s’assurer d’une bonne compréhension de l’ensemble des enjeux». L’enjeu du financement est crucial. En effet, 4 années de R&D se sont avérées nécessaires, se remémore le dirigeant de Calimed Santé : «il faut être conforme au niveau réglementaire, juridique et technique», explique-t-il. Ensuite, «il faut multiplier par 3 ou 4 les délais dans la santé», prévient-il.

Médecin et ex-urgentiste, Céline Jardy Triola a co-fondé la plateforme Urgences Chrono «pour trouver des solutions à la problématique des urgences». Un site internet – vrai référentiel - est d’abord créé pour informer sur l’ensemble de l’offre de soin : de la pharmacie au service d’urgence en passant par le centre de médecine de garde. Il s’agit de «permettre aux patients de s’orienter», décrypte-t-elle. Le logiciel s’adresse à présent également aux professionnels de santé qui peuvent ainsi «analyser de façon automatique les délais au service d’urgence», indique Céline Jardy Triola.

Décider de «libérer du temps de soin pour les médecins et les professionnels de santé» est important pour Carla Gomes. Elle incite à «améliorer le parcours de soin et l’efficience organisationnelle pour aider les acteurs de la santé à travailler plus efficacement». Pour elle, «les multiples strates ont une vision hospitalo-centrée. Un changement de paradigme doit s’opérer. Au-delà du patient, le citoyen doit être mis dans le parcours. On est encore très en retard». «Quand le patient sait, il est beaucoup plus serein» rappelle Carla Gomes rappelant que «quand on parle de santé, il n’y a pas d’approximation possible». Pour Antoine Tesnière, «il faut adapter l’offre de soin aux besoins de la population qui augmentent et l’offre se raréfie».

Du lien

«Un combat contre les services de l’Etat qui avaient une logique comptable». Jean Hingray se souvient de ses premiers pas en tant que maire dans une commune des Vosges de 10 000 habitants alors qu’un hôpital s’apprêtait à fermer. Aujourd’hui Sénateur des Vosges, il rappelle combien il importe que «les territoires vivent». Céline Jardy Triola le déplore : «l’Agence régionale de Santé (ARS) est incapable de travailler avec les entreprises privées innovantes ni de prendre une décision dans l’urgence». Elle souligne «le blocage à l’innovation même en situation d’urgence». En effet, l’ARS est, pour Jean Ingray «une structure dirigée par des technos ; c’est un problème. L’ARS et l’administration de l’hôpital décident. La politique s’est auto-dessaisit des décisions politiques. On a laissé faire l’administration». Toutefois Antoine Tesnière nuance les propos tenus : «attention ne pas généraliser : l’enjeu des ARS consiste à être à l’écoute des territoires. Il faut arriver à faire la part des choses».

«Si la Covid-19 a fait évoluer les choses, on se heurte à des murs» rappelle Céline Jardy Triola. Or, Carla Gomes le souligne : «travailler avec l’ensemble des écosystèmes est nécessaire pour permettre d’avancer, étape par étape». Il est nécessaire de «chercher des partenariats stratégiques» afin de faire une innovation leader de son marché, explique Frédéric Suant. D’ailleurs, Docaposte joue un rôle, explique Carla Gomes, de «catalyseur de l’écosystème de santé. Notre savoir-faire consiste à travailler avec d’autres industriels, start-ups, institutionnels et établissements pour faciliter le partage de l’information médicale pour que le système fonctionne mieux».

ParisSanté Campus est un «programme national qui a vocation à créer des écosystèmes» explique le directeur général Antoine Tesnière. Pour lui, «souplesse et flexibilité» sont nécessaires pour «trouver un marché et un impact». Le campus compte une soixantaine de start-ups dont les principales problématiques sont : «l’accès au marché, le financement, le métier et la compétence». «Comment aligner tout le monde?» interroge Antoine Tesnière. Il s’agit aussi de «s’aligner aussi en temps de paix quand on n’a pas d’objectifs immédiats». Aussi, Docaposte co-construit «avec des établissements et des territoires» explique Carla Gomes présentant son organisation comme «une start-up qui a 40 ans». Aussi, le territoire des Hauts de France, afin d’améliorer le parcours de soin, avait un besoin de partage de données : «on a travaillé main dans la main : cela a donné la solution du consentement au partage de données», se remémore-t-elle. La démarche de Docaposte est la suivante : «partir du besoin, pouvoir le transférer et le passer à l’échelle», décrypte Carla Gomes. Ainsi le POC se réalise «au niveau des régions». Antoine Tesnière l’affirme, il s’agit de «mettre ensemble : start-ups, citoyens et industries et accompagner ce dialogue au plus près des territoires». Un dessein ambitieux partagé par l’ensemble des grands témoins.

:: Pour aller plus loin :

:: Nos grands témoins :

Carla Gomes

Directrice du marché Santé de Docaposte

Jean Hingray

Sénateur

Antoine Tesnière

Directeur général de PariSanté Campus

:: A propos de #DigiLex

#DigiLex est l’Observatoire des enjeux législatifs de la transformation digitale de notre société créé par La villa numeris sous l’égide, désormais, du sénateur Jean Hingray. Ce rendez-vous confronte les points de vue sur un sujet majeur de la transformation en exposant les attentes et les craintes des citoyens, les points de vue du législateur qui fait la loi et d’experts. Né de la rencontre en 2016 du sénateur Jérôme Bignon avec François Raymond et David Lacombled, pour La villa numeris, cet observatoire se réunit de deux à trois fois par an. Depuis l’automne 2020, Jean Hingray, sénateur des Vosges, a pris le relais de Jérôme Bignon qui ne s'était pas représenté.

Plusieurs thèmes ont déjà été abordés :

  • La e-Santé pour en finir avec les déserts médicaux ;
  • l’engagement éco-responsable des salariés ;
  • le droit des robots et de l’intelligence artificielle (avec La Croix) ;
  • ePrivacy, les données personnelles et le service public ;
  • l’économie des plateformes ;
  • les nouvelles formes de consultations des citoyens ;
  • les transfert de données.

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