#DigitalTrends Compte-rendu de la rencontre du 24 janvier 2018
L'Estonie entre pragmatisme et volonté d'efficacité
L'Estonie accumule les superlatifs. Très tôt, cet état s’est tourné vers le numérique et ses enjeux. Il en est la référence. Innovant, favorisant l’intelligence collective, la digital nation est résolument tournée vers l’avenir.
« Le pays entier est digital » explique Violaine Champetier de Ribes, fondatrice de DigeeTrips, société estonienne créée depuis Paris. L’Estonie, qui compte 1,3 million habitants, s’inscrit au service du citoyen à travers le digital. Elle propose ainsi la plateforme unique et centrale de gestion publique X-road qui utilise la blockchain. 99% des services publics sont accessibles en ligne.
Quand le digital donne le la
Voici plusieurs années que ce pays balte a développé la blockchain avec un système très sécurisé. Les avantages de l’e-administration sont légion. Des erreurs sont ainsi évitées. Evoquant le système de santé, Denise Silber, présidente de Basil Stratégies et fondatrice de Doctor 2.0 & you, qui a participé à une learning expedition de DigeeTrips, souligne ainsi « les erreurs évitées » qui seraient liées au manque de données sur le patient.
La force de la politique
Elle est cruciale. C’est un véritable moteur considère Denise Silbert : « avec une impulsion politique, les choses peuvent changer ». Aussi, David Lacombled revient sur « la concentration de moyens publics qui a permis de grandes réalisations » à l’image de la conquête spéciale. Les citoyens sont sensibilisés au numérique en prenant appuis sur « des services très faciles à utiliser en quelques clics » rappelle Sandy Beky, fondatrice de Kyo Sei Leadership et directrice du Leadership Lab de L’Inseec, qui a également participé au voyage d’étude de DigeeTrips. Elle loue ainsi « le pragmatisme et la volonté d’efficacité » de l’Estonie.
De l’importance d’éduquer aux usages du numérique
Les plus jeunes aussi sont formés au numérique Kadi Metsandi, conseillère aux Affaires économiques de l’Ambassade d’Estonie en France évoque « la programmation informatique et les cours d’entrepreneuriat dans les écoles ». Aussi, la grande initiative Proge-Tiger a été lancée en 2012. « Sa mise en œuvre dans les écoles est toujours facultative » explique-t-elle. L’éducation à l’entrepreneuriat a été mise en place dans le programme national d'enseignement général en Estonie depuis 2010. Elle résulte de l'initiative conjointe de la Chambre de commerce et d'industrie estonienne, du Ministère de l'éducation et de la recherche, du Ministère des Centre d'examen et de qualification, Entreprise Estonia.
Le numérique multiplie les opportunités et les manières d’agir. Pour Violaine Champetier de Ribes, « c’est nouvelle façon de penser l’Etat ». Kadi Metsandi loue « la très bonne coopération public-privé » favorisant un développement rapide. Denise Silbert note « les convergences dans les actions mises en place pour servir un intérêt commun ».
S’inscrire sur le long terme
Retour en 1991. L’Estonie gagne alors son indépendance. Aussi, les Estoniens sont « obligés d’être résilients et malins » explique Kadi Metsandi qui souligne la vision à long terme des gouvernants qui investissent dans les nouvelles technologies avec « des idées très novatrices ». Violaine Champetier confirme « l’aspect visionnaire des Estoniens pour penser l’avenir ». Les initiatives ex-nihilo sont une force. « L’absence de legacy system est un intérêt majeur » note Denise Silbert.
Vers la Carcassonne du Nord
« Les raisons de tracer une route vers Tallin » comme souligne David Lacombled sont nombreuses. La villa numeris entend, en 2018, « mettre le cap sur des pays dynamiques » à l’image de l’Estonie. Aussi, La villa numeris et DigeeTrips organisent en avril prochain un voyage d’étude dans ce pays balte. David Lacombled présente le projet : « ce sera ainsi l’occasion de découvrir ce pays qui génère un écosystème vertueux ». Une expérience qui peut apporter beaucoup « sur le plan humain » explique Violaine Champetier de Ribes. L’expédition aura lieu en petit comité afin de favoriser les échanges de qualité. Précédée de réunions préparatoires, elle s’inscrit dans une logique de co-construction avec les participants.
Sandy Beky se rappelle de la learning expedition et de « l’intelligence collective en action » en Estonie en partant « à la rencontre d’une population déterminée, optimiste et énergique ». Revenus de ce voyage d’étude, les grands témoins demeurent optimistes. Pour eux, « il y a encore des raisons d’espérer ! »