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#DigitalTrends | 31/01/24

Pour une France fer de lance des technologies immersives en Europe

Présentation de notre plaidoyer pour «Créer des champions européens des technologies immersives»

Parce qu’elle est convaincue de la portée et de l’impact des technologies immersives, La villa numeris s’adresse aux pouvoirs publics français et européens.

«Créer des champions européens des technologies immersives», elle promeut un développement vertueux de ces technologies. Le 31 janvier 2024, le think tank a présenté ses travaux, dirigés par Paul d’Amécourt, avec deux grands témoins qui ont partagé leurs visions.

Une expérimentation collective

«Tous les composants des technologies immersives permettent de créer une illusion. L’humain peut se plonger dans un univers autre que le sien», explique Paul d’Amécourt, fondateur de Lighthouse Europe, relevant combien le secteur est porteur dans des univers variés comme notamment, la santé, l’éducation ou les loisirs mais aussi l’énergie, le spatial et les transports. Il définit les technologies immersives comme «une interface homme/machine qui permet de se plonger dans un univers virtuel ou simulé».

En pilotant les travaux, Paul d’Amécourt a noté que «chaque entreprise utilise des termes différents pour appréhender ces technologies». Aussi, Aurore Darboux-Galli, designer, direction de l'Innovation et des Programmes Pulse d’EDF évoque les termes de «réalité étendue» et d’ «expérience immersive». Franck Gaillard, Global learning director du groupe Alstom, parle lui de «réalité augmentée» et de «métavers». Paul d’Amécourt note le temps consacré par les entreprises et les questions qu’elles se posent tant sur l’IA que sur les bases de données. «Les entreprises ont développé des méthodologies pour comprendre les nouvelles technologies. Une technologie immersive embarque une puissance de calcul, du mobile et de l’IA. C’est une technologie à laquelle on ajoute des briques». Lors des premières expérimentations, se rappelle Aurore Darboux-Galli, «beaucoup se sont servi des jumeaux numériques pour les augmenter, les outiller et créer de nouveaux usages. C’est un formidable tremplin pour connecter avec les technologies immersives par la suite».

Les atouts des technologies immersives sont nombreux «pour la collaboration, pour le recrutement. Aujourd’hui, ces technologies s’imposent. Tout le monde y vient», note Franck Gaillard. Elles sont précieuses pour la formation, souligne Paul d’Amécourt citant «les gestes techniques» pour «transmettre une connaissance». En effet, Aurore Darboux-Galli évoque la nécessité de «former les techniciens sur des gestes rares à produire mais très sensibles».  Paul d’Amécourt cite des initiatives dans la santé à l’image du jumeau numérique sur lequel travaille Dassault Systèmes concernant le cœur. Ainsi, «un chirurgien peut se former sur un cœur digital».  Autre secteur, la culture qui «a compris tôt l’usage, d’abord avec les jeux vidéo». Dans l’architecture et le design, elles sont utiles pour «la maintenance et la conception à l’avance» et offrent là «une économie de productivité et de temps». Autre exemple de la portée des technologies immersives : les usines. Il est possible de «modéliser l’usine» c’est-à-dire «l’usine elle-même et le processus de construction avec la capacité à projeter la construction pièce par pièce» mais aussi à «démonter une chaîne de construction, la concevoir entièrement avec des démonstrations».

Le commerce appréhende aussi les technologies immersives et cela dès la conception du produit : «dès qu’une personne peut simuler et vivre le produit, le retour sur expérience est bien meilleur», note Paul d’Amécourt. En effet, l’expérience client se voit renforcée. Franck Gaillard note ainsi que ces technologies «permettent aux clients de voir le train qu’ils vont acheter, de changer une couleur de siège et d’imaginer comment se déplacer à l’intérieur du train. On a créé une ville virtuelle – Alstom metavers – avec les mêmes technologies que les jeux vidéo pour que les clients puissent s’immerger». «L’interopérabilité est un paramètre central chez nous car nos chantiers accueillent un grand nombre et une diversité de partenaires, d’entités et d’intervenants, qu’ils soient internes ou externes.L’interopérabilité est centrale chez nous», abonde Aurore Darboux-Galli.

Les sens sont mobilisés. Aurore Darboux-Galli cite ainsi la mise en place de salles d’immersion dans les centres de formations. Ces structures permettent ainsi de proposer des expériences variées, sollicitant une diversité de sens : «la vue et l’ouïe lorsque nous cherchons à former les agents aux situations d’urgence, en réaction aux différentes alarmes» ou encore le toucher avec l’expérimentation de variations de températures afin de s’approcher de situations de stress importantes.

Démocratisons les technologies immersives

Aurore Darboux-Galli évoque «l’étude approfondie sur le métavers et plus largement sur les expériences immersives» qui a été effectuée chez EDF avec un état des lieux de l’existant: «un dispositif connecté, immersif, interopérable et persistant. Cela a permis d’établir un premier dialogue avec les porteurs de projet. Un des objectifs était d’amener le COMEX à se projeter dans des usages à horizon 2030/2050». Pour Franck Gaillard, «si l’usage de la réalité virtuelle existe depuis très longtemps dans différents secteurs, la nouveauté consiste à démocratiser ces technologies, à mettre en contact les individus dans ce monde virtuel, autour de matériaux techniques. Nous avons, depuis 2011, un virtual center. Sur chaque site industriel, il y a des casques. Nous faisons face à deux difficultés pour aller plus loin : la familiarité du grand public à ces technologies et la disponibilité du matériel. Lorsque des personnes enfilent un casque pour la première fois, c’est une grande découverte. Il s’agit, d’abord, de favoriser l’appropriation de ces technologies puis de fournir ce matériel».

Franck Gaillard évoque «la mise en place de campus dans les différentes régions du monde. On invite les salariés à découvrir et à faire leurs premiers pas, s’immerger, faire leur avatar. Il faut saluer la contribution de Meta dans ce projet». David Lacombled, président de La villa numeris qui a animé la matinée précise qu’il est clé de «d’abord démocratiser ces technologies au sein de l’entreprise pour embarquer ensuite au sein de l’entreprise et les futurs clients». Paul d’Amécourt le constate en effet : «il n’y a pas de très grande démocratisation mais les vagues tech nous montrent que c’est exponentiel». Il nous faut, pour lui, «réussir à produire une solution plus abordable. C’est toujours un pas à passer». Franck Gaillard revient sur les initiatives prises chez Alstom : «dans le domaine de formation, on avait, avant le Covid-19, déjà beaucoup digitalisé. Cela nous a poussé vers la démocratisation de ces technologies qu’il fallait rendre disponibles à plus grande échelle». Les impacts sont nombreux à l’image du coût. «Quand on a recours au digital pour la formation, on diminue les coûts de 50%. Lorsque celle-ci est immersive, elle est encore plus efficace qu’en salle». D’ailleurs, David Lacombled le note : «quand on se forme avec ses technologies, on est bien là et pas ailleurs».

Saisissons-nous de ce sujet stratégique

«Il n’y a pas assez de mobilisation de regroupement des acteurs pour obtenir un soutien des autorités. J’aimerais que ce soit encore plus un cheval de bataille pour nos dirigeants», affirme Franck Gaillard qui est également administrateur de France Immersive Learning. Il convient, en effet, de «se saisir de ce sujet stratégique d’excellence française. Là où la France a des leaders en la matière, il y a paradoxalement assez peu de personnalités qui portent ce message en Europe», déplore David Lacombled.

«Ce qui nous anime à l’heure actuelle est de structurer la politique industrielle mais nous n’avons pas encore de référentiel français ou européen. C’est un point crucial, qui manque au développement et à la standardisation des réalités immersives pour l’instant. », explique Aurore Darboux-Galli. Franck Gaillard le confirme «les chaînes de production ne sont pas alignées. Il n'y a pas de workflow bien établi. Les standards ne sont pas les mêmes. Il faut chercher la puissance du collectif».

Responsable des travaux sur ce sujet pour La villa numeris, Paul d’Amécourt explique que le rapport remis «a pris la forme d’un plaidoyer vu l’engagement des acteurs». Il entend promouvoir des technologies immersives à la manière européenne «avec un engagement sur la RSE, la sécurité et la neutralité technologique. Comment inventer une technologie immersive qui ne soit pas trop gourmande en énergie ? C’est une réflexion importante à avoir pour retenir un choix final correspondant aux besoins des entreprises. Il faut concevoir un produit le plus proche possible de ces attentes. Les débats arrivent au niveau européen». Aurore Darboux-Galli le confirme insistant sur la sobriété pour «palier les usages plus énergivores. Nous nous sommes fixés la nécessité d’avoir un cahier des charges très détaillé afin de challenger l’utilité versus la consommation de tels dispositifs».

Pour Paul d’Amécourt, «quand il y a des briques souveraines, il faut favoriser un écosystème européen, d’autres le font en Asie et aux Etats-Unis. Il faut structurer des filières et avoir un pilotage des technologies immersives. Nos écoles d’ingénieurs forment des gens excellents. Garder les talents est clé pour avoir des champions européens». Pour Franck Gaillard : «les entreprises doivent s’unir. Nous avons un chantier formidable devant nous. Nous avons besoin des efforts convergents de toutes les entreprises qui s’intéressent au sujet».

«Commençons aujourd’hui pour être en maîtrise dans les 5 ans à venir», affirme Paul d’Amécourt. L’appel est lancé.

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:: Pour aller plus loin

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  • «Le Samouraï virtuel». Fiche de lecture >> Lire