Restitution des travaux | 13/10/22 | Compte-rendu
La beauté du geste
Premier épisode de notre série sur les usages et l’expérience des utilisateurs du métavers sur les enjeux de la formation et l’apprentissage des métiers en partenariat avec la Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Île-de-France
«Bienvenue dans la 3e dimension des métiers». Pour David Lacombled, président de La villa numeris, qui animait la matinée, «la formation immersive et les métavers constituent un formidable levier pour la transmission des savoirs et des métiers et pour pour le partage des connaissances». La restitution se déroulait en salle mais aussi dans le métavers d’Active Replica
Si vous n’avez que 3’, notre vidéo-résumé est pour vous ;) >> Regarder
Un apprentissage made in metaverse
«Une projection forte dans les usages de la réalité virtuelle!» constate François Raymond, président de treize articles, qui a réalisé un benchmark, deux focus groups et des entretiens. L’ancrage de la réalité virtuelle est bel est bien là pour les apprentis en CFA. En effet, «si le métavers remplit beaucoup de pages, de discussions, c’est déjà une réalité en matière de formation», relève en introduction de la matinée David Lacombled. Président de la Chambre de métiers et de l'artisanat Île-de-France qui représente 240 000 entreprises artisanales franciliennes, Francis Bussière, évoque ainsi «une communauté impatiente de saisir de ces nouveaux outils. L’artisanat est un monde fait d’individus et de créateurs». Le prisme de l’utilisateur est adopté. Evoquant l’objet de la matinée de restitution, François Raymond rappelle les enjeux à avoir en tête : «quelles initiatives vont rencontrer l’adhésion des utilisateurs ? Qu’attendent-ils ? Qu’est-ce qui peut être amélioré?». S’il relève parmi les utilisateurs quelques réserves, comme le graphisme aujourd’hui encore un peu sommaire, elles ne sont pas pour autant bloquantes.
«Immerger dans une situation de travail pour faire des activités et des tâches», voilà l’une des propositions du métavers soulignées par Pascal Miché du CCCA BTP. Le métavers présente ainsi «une autre source de motivation. C’est un support complémentaire entre l’atelier et la théorie» note Mattias Larroudé, formateur au BTP CFA de Gironde. «La pédagogie, c’est toujours la remise en cause. Les générations évoluent ; il y a de nouveaux outils qui arrivent ; notre rôle c’est de nous en emparer pour compléter la formation des jeunes», affirme ainsi Jacques-Olivier Hénon, directeur de politique de formation CCCA BTP rappelant que la première cible est «le maître d’apprentissage». Il souligne «ce mouvement enclenché sur la réalité virtuelle» évoquant l’appel à projet Dispositifs France Formation Innovante Numérique (DEFFINUM) qui œuvre notamment pour la digitalisation de la formation dans le cadre de France Relance.
Il s’agit bien de «mutualiser nos efforts pour que chacun ne réinvente pas seul de son côté les solutions en matière de conception, mise en œuvre et déploiement» souligne Nicolas Dupain, président de France Immersive Learning, plus ancienne association sur le domaine de la tech immersive. Il loue, en effet, cette «nouvelle pédagogie immersive pour que, collectivement, on avance vite et bien» pour «construire, représenter, soutenir le développement d’une filière d’excellence française». «L’idée c’est de multiplier par deux l’effort de formation. Si on veut faire plus, il faut faire mieux et différemment» constate Carine Sailer, Haut-commissaire aux compétences. Elle évoque ainsi «les 300 millions d’euros sur deux ans pour financer tous les moyens de digitalisation. Le formateur doit être au cœur de ce mouvement. Accélérer l’usage des outils immersifs». Pour elle, il importe de «diversifier les approches pédagogiques».
Une pause-café virtuelle dans le métavers
«Jusqu’à très récemment, la réalité virtuelle permettait de plonger dans une expérience mais souvent seul» constate Martin Signoux, Public Policy Manager de Meta. Il s’agit alors maintenant d’«amener ce sentiment de présence avec une expérience multi-utilisateurs» évoquant la formation «grâce aux technologies immersives» à l’image du campus immersif réalisé avec Victory XR. Il y a, actuellement, dix universités pilotes.
«Avec un jumeau numérique de campus, on ramène de l’humain et de la présence. C’est avoir une interaction sociale là où la vidéo à distance est assez pauvre», considère Martin Signoux. «Plein d’acteurs au local s’emparent de cette technologie». Le rôle de Meta consiste ainsi à «montrer ce qui peut être fait et à être des facilitateurs». David Lacombled le relève effectivement : «la virtualité est de plus en plus réelle. Il n’y a pas deux mondes : un ancien et un nouveau».
Neoma a ainsi ouvert, en septembre 2020, son propre campus virtuel qui rencontre un franc succès. L’immersion devient une vraie expérience pour les élèves qui s’y retrouvent. Aussi, Cécile, étudiante Neoma Business School dit : «le campus virtuel a été synonyme de retrouvailles pour les étudiants», «comme on est tous associé à un avatar, on a vraiment cette sensation d’être ensemble». Il s’agit, bien, pour Marie-Laure Massué, directrice du Learning Lab de Neoma de «compléter les représentations de nos apprenants. C’est un outil au service d’un objectif pédagogique. Il faut toujours revenir à cette question : «à quoi cela sert?».
Pour François Raymond, le point le plus important dans cet exercice du campus virtuel est : «qu’est-ce qui se passe après ? Sur une réunion Zoom, une fois que le professeur éteint, il n’y a plus de flux. Avec le métavers, il y a une nouvelle manière d’être ensemble ; cela recrée une communauté. Cela fait la vraie différence dans les intercours avec les outils de travail collaboratifs».
Du bon usage
«On voit des jeunes très motivés et enthousiastes. Ils adhèrent spontanément. Ils ont grandi avec des jeux vidéo. On parle avec leurs codes» relève Emilie Gobin Mignot, cofondatrice d’Antilogy / Le Pavillon. «Les technologies immersives sont un formidable vecteur du renouveau du plaisir d’apprendre et de transmettre : c’est notre conviction» affirme Nicolas Dupain.
Pour Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Education nationale, «à chaque innovation, des perspectives s’ouvrent. Avec le métavers, il y aura des conséquences très importantes. Le métavers crée de nouvelles formes d’interaction». Aussi, Francis Bussière note : «avec la réalité virtuelle, on a le plaisir de communiquer presque avec le monde entier. Demain, on pourra communiquer avec ce nouvel univers qui s’ouvre». C’est d’ailleurs l’état d’esprit de la CMA IDF comme le souligne Francis Bussière rappelant «l’intelligence collective ici et dans tous nos CFA».
«Le plus gros ennemi du déploiement de cette technologie est la non-connaissance puis la mauvaise connaissance. On a pu constater de très nombreux passages à l’échelle : la SNCF, Suez, Saint Gobain ; ce sont des milliers d’apprenants formés avec des solutions de réalité virtuelle», décrypte ainsi Emilie Gobin Mignot.
Avec le développement affirmé du métavers se joue «une profonde transformation des pratiques et des postures des enseignants. Ne nous trompons pas ; le sujet est l’usage et pas la technologie» conseille ainsi Nicolas Dupain. Pour lui, «les clés sont la formation et l’accompagnement dans la durée des pédagogues pour qu'ils deviennent confiants, agiles et entreprenant, la création de communs numériques et de communauté d'usages pour soutenir les démarches individuelles». Selon François Raymond, «le sujet est la massification de l’usage». Nous n’en sommes qu’au début.
:: Pour aller plus loin
Points de vue
- Formations immersives : acquérir de la méthode de travail >> Regarder
- Formations immersives : le point de vue des utilisateurs >> Regarder
- A la découverte du Campus virtuel de Neoma >> Regarder
- Campus virtuels : paroles d’utilisateurs >> Regarder
Interviews
- Francis Bussière : «Les métavers continuent une nouvelle façon d’apprendre» >> Regarder
- Carine Seiler : «Apprendre sans se mettre en danger» >> Regarder
- Martin Signoux : «Les technologies immersives permettent un sentiment de présence» >> Regarder
- Jacques-Olivier Hénon : «Le métavers, ça donne de l’espace» >> Regarder
Une étude
- Formations immersives et campus virtuels : quels insights utilisateurs ? >> Télécharger
:: Contexte
Métavers… Le mot est aujourd’hui partout et le concept convoqué sur tous les sujets ! Comme pour tout ce qui concerne le Web 3.0, ses cryptomonnaies ou ses NFT, projets, débats et levées de fonds se multiplient. Certes, une nouvelle révolution numérique est en cours et le métavers prendra sa part dans cette nouvelle étape du Web. Mais quels chemins empruntera son développement…? Quels seront ses succès et quels peuvent être ses échecs…?
Pour dresser un état des lieux et définir des tendances, La villa numeris a engagé un dispositif global de réflexion qui associe benchmarks, études qualitatives et témoignages d’experts afin de mieux comprendre les motivations et les freins des utilisateurs du métavers. Une démarche résolument centrée utilisateurs pour identifier les leviers de développement du métavers et les enjeux collectifs auxquels il va confronter nos sociétés.
La première étape de ce voyage initiatique est consacrée à l’enseignement et à la formation. Un champ déjà bien balisé, riche d’expériences et de possibilités. La Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Île-de-France, premier organisme de formation de la région, est le partenaire de ce premier épisode. Nous étudierons aussi bien l’apprentissage immersif de gestes techniques réalisés à l’aide de la réalité augmentée que les usages proposés par des campus au format métavers.
Un benchmark et des entretiens, réalisés par Treize Articles, étaient présentés par François Raymond et servaient de supports à deux tables-rondes:
- «Formations immersives»
- «Campus virtuels, le métavers et la formation»
:: Nos grands témoins
- Francis Bussière, président de la Chambre de métiers et de l'artisanat Île-de-France
- Nicolas Dupain, président de France Immersive Learning
- Jacques-Olivier Hénon, directeur des politiques de formation et de l'innovation pédagogique du CCCA-BTP
- Emilie Gobin Mignot, cofondatrice d’Antilogy / Le Pavillon
- Marie-Laure Massué, directrice du Learning Lab de Néoma
- Carine Seiler, haut-commissaire aux compétences
- Martin Signoux, Public Policy Manager at Meta
:: Notre partenaire :
Acteur économique et social majeur, la CMA Île-de-France représente les 280.000 entreprises artisanales franciliennes
Avec 25 sites d’implantation, la CMA IDF dispose d’un maillage complet sur le territoire francilien lui permettant d’assurer ses missions de proximité, d’appui à la création ou reprise d’entreprise artisanale et de formation dans plus de cinquante métiers. Pour former les artisans de demain la CMA propose des parcours individualisés de formation destinés aux jeunes, aux étudiants et adultes en reconversion. Premier organisme de formation en Ile-de-France, elle a formé 9.500 apprentis au sein de son CFA multisites et plus de 4.000 artisans en formation continue en 2021. >> Découvrir