L’odyssée de l’IA ne fait que commencer 2/2

L’odyssée de l’IA ne fait que commencer 2/2

#DigitalTrends | 18/10/23 | Compte-rendu | Partie 1 | Partie 2👇

L’Europe sur un chemin de crête

Alors que le quotidien l’Opinion a publié une série de trente articles cet été, «L’odyssée de l’IA», et que notre think tank vient de publier une note de signaux tangibles, plusieurs de ses auteurs et contributeurs y réagissent

Si l’intelligence artificielle (IA) est un concept désormais ancien, théorisé il y a plus de 70 ans, l’émergence des solutions génératives, depuis un an, a provoqué la sidération publique au point de faire couler beaucoup d’encre depuis.

Extra-ordinaire

«Depuis 10 ans, l’IA est associée à la prédiction ou aux fraudes. Grâce à l’IA générative, nous pourrons changer. Elle est dotée d’incroyables capacités», relève Guillaume Leboucher, directeur du pôle Data & IA de Docaposte et fondateur d’Openvalue. 

La régulation européenne, elle, ne semble pas encore prendre conscience de la portée de l’IA générative. «L’IA Act est percuté par l’IA générative. Le sujet de transfert des données réapparaît complètement.» Pour Fabien Versavau, PDG de Rakuten France « l’IA Act adopte une approche technocratique qui cherche à réguler ex ante une matière en constante évolution au lieu d’être agile. Le poids de la compliance représente un risque pour les investisseurs internationaux.» Un sujet qui ne laisse pas indifférent Guillaume Leboucher : « L’IA Act n’est pas à côté de la plaque. Comment prédire une telle révolution ? 80% du contenu du web est généré par des robots. L’Europe a été la première à prendre des mesures rigoureuses comme la reconnaissance faciale.»

Cependant, pour Laurent Cébulski, directeur général de l’Etablissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), «L’absence de réglementation sur les applications techniques de l’IA induit une certaine pression sur les régulateurs amenés à autoriser de tels systèmes, dans la mesure où ils ne peuvent pas s’appuyer sur une vérification de conformité à ce stade inexistante. Cela amène beaucoup de débats sur les modes de défaillance potentielle des machines par rapport à ceux des humains quant aux prises de décision relatives à une action précise de sécurité : détection d’un obstacle, lecture d’une signalisation. Comment autoriser une IA dans ce cadre “hors-cadre”?»

Il n’en reste pas moins que nous allons vers de grandes avancées, en témoigne Fabien Versavau pour qui nous sommes à «la préadolescence de l’IA. Il faut comprendre que nous n’en mesurons qu’une infime partie des possibilités», explique-t-il. 

Les acteurs pouvant tirer profit de l’IA sont de plus en plus nombreux. Fabien Versavau relève ainsi «la facilité d’accès pour les TPE et les PME. Il y a un vrai sujet de création de valeur qui ne s’adresse pas qu’aux grands groupes». 

Se former encore et toujours

«On a un système d’éducation qui tend à fabriquer des cancres sur ces sujets-là et des super cadors qui quittent la France, car ils ne trouvent pas ici d’emplois, de sujets de travail ou bien d’environnements motivants. Donnons un avenir aux jeunes brillants. On est très bons pour fabriquer des élites. Mais tout le monde devra se frotter à l’IA : le grand public comme l’entreprise. Il faut arriver à former les personnes qui auront à utiliser ces outils», conseille Françoise Soulié-Fogelman, scientific advisor chez Hub FranceIA. Laurent Cébulski témoigne d’un «niveau d’appréhension et d’anxiété des équipes, pas toujours perceptible, face aux nouvelles expertises requises et à l’évolution des métiers qu’il faut prendre en compte». Ainsi, les experts d’un métier technique (ici le ferroviaire) voient les attentes évoluer et bousculer leur cadre de référence, les amenant à s’interroger sur la valeur de leur expertise demain.

En effet, pour Guillaume Leboucher, «la vie d’entreprise va changer et notre manière d’apprendre va être bouleversée. Il faut regarder comment les enfants apprendront à utiliser l’IA générative. Continuons de poser des questions. Aujourd’hui, il faut vouloir apprendre.» Pour Fabien Versavau, «il faut maîtriser ces technologies pour pouvoir générer des gains de productivité et répondre aux enjeux de souveraineté. A l’image du haut débit et du smartphone qui ont rendu possible l’éclosion d’entreprises aux modèles radicalement nouveaux, comme par exemple Netflix ou Rakuten, l’IA représente le socle qui permettra de faire émerger toute une génération de nouvelles start-ups.»

A la question «avez-vous prompté cette semaine?», plus de la moitié de la salle lève la main. Une audience studieuse donc et avertie. Pour Guillaume Leboucher, «apprendre à prompter, comprendre l’intelligence de la machine, donc éveiller son intelligence» est clé. «Il faudra accompagner les entreprises pour réussir leur mise en conformité.» explique Françoise Soulié-Fogelman. «Permettre aux équipes data de rester à la pointe et d'accélérer les projets des entreprises» est la mission de datacraft, dont la fondatrice Isabelle Hilali, témoigne de la mobilisation des entreprises.

Et les Européens aussi

Pour Françoise Soulié-Fogelman, «il faut qu’on trouve une voie. Toutes les grandes entreprises aux Etats-Unis ont des ingénieurs français. Arrêtons d’exporter nos talents.» Fabien Versavau partage ce point de vue : «on ne produit pas assez de data scientists. Il faut que l’Europe et la France créent de bonnes conditions pour ces profils.»

«Arrêtons de tout répéter dans chaque pays!» Françoise Soulié-Fogelman citant «la Commission européenne qui finance des projets de collaboration. Il faut une volonté de participer à des efforts communs, de réussir à produire des cadres au niveau européen». Alors que le débat médiatique se concentre sur les Big Tech américaines, «il n’y a pas que les Américains et les Chinois» explique Guillaume Leboucher évoquant l’IA générative à la française telle qu’elle est proposée par Docaposte à travers un Chatbot naturel avec l’appui de 2 start-ups françaises. «On a démarré il y a 8 mois. Depuis, sont sortis différents cas d’usage. On a ainsi proposé un agent conversationnel pour que les médecins puissent mieux gérer leurs patients. On arrive à faire parler data scientists et médecins ensemble. Il ne faut pas laisser à la Chine, aux US et à l’Inde le monopole de faire de l’IA. Quand on fait Paris-Poitier, on n’est pas obligé de prendre un A380!» Aussi Fabien Versavau propose de «créer des modèles plus verticaux qui permettront de disséminer la valeur de l’IA au cœur de l’entreprise. Prendre des modèles plus petits, enrichit l’expérience collective».  «Pour sortir de la course aux milliards, on peut faire des modèles plus petits» affirme Guillaume Leboucher. Un signal d’espoir.

 

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:: Nos grand témoins

Françoise Soulié-Fogelman

Scientific advisor chez Hub FranceIA

Rémi Godeau

Rédacteur en chef de l’Opinion

Vice-président de Bey Médias

Guillaume Leboucher

Directeur du pôle Data & IA de Docaposte

Fondateur d’Openvalue

Fabien Versavau

PDG de Rakuten France


:: Pour aller plus loin

  • Notre note de signaux tangibles, «De l’IA, encore et toujours» >> Lire
  • «L’odyssée de l’IA», la série d’été dans l’Opinion >> Lire

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