Les enfants face aux écrans

Les enfants face aux écrans

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Indice d’exposition élevé

Le président de la République a annoncé sa volonté de réduire l’accès aux écrans des plus jeunes

En matière d’éducation au numérique, pour David Lacombled, président de la villa numeris, sans l’engagement des parents, rien ne saurait être fait.

Delphine Sabattier: On va s'intéresser au sujet de nos enfants face aux écrans. Aïe aïe aïe! Qu'est ce qu'il faut faire alors? On va revenir sur cette conférence de presse qu'a tenu le président de la République et qui a annoncé finalement son intention de limiter cette exposition. Qu'en pensez vous?

David Lacombled: C'est vrai que la surexposition aux écrans ne fait pas bon ménage avec des cerveaux en développement. D'ailleurs, le président de la République a annoncé qu'il souhaitait parfaire sa réflexion en nommant un conseil d'experts prochainement. Parce que les problèmes sont connus, ça pose des soucis chez les plus jeunes en matière de concentration, en matière de mémorisation des troubles du comportement, du sommeil, avec des conséquences psychologiques et physiques.

Alors c'est vrai, il faut bien voir que ce petit outil (NDLR: le mobile), on l'a tous dans la main, à proximité du cœur. C'est un véritable doudou, une sorte de pacemaker de nos cerveaux qui en stimule en permanence les émotions et l’attention, et qu'il est bien difficile de s'en séparer. D'ailleurs, c'est à peu près le seul objet qui fait qu'on retourne chez soi pour aller le chercher. Si d'aventure on l'a oublié.

Il faut bien voir qu'au delà du téléphone, les écrans envahissent nos vies. Ce sont sept écrans en moyenne par famille. Vos téléphones, certes, vos ordinateurs, votre montre, le pare brise, plus tous les écrans dans la rue et les magasins qui ne font plus qu'un seul écran à la fin. Un seul écran qui fait tout et qui fait tout ce que vous avez envie qu'il fasseau moment où vous souhaitez qu'il le fasse. Et vous regardez des films sur votre monde, envoyer des emails depuis votre télé, etc etc.

Delphine Sabattier: Alors donc, pour les enfants, que peut faire l'Etat?

David Lacombled: Sans les parents, à mon sens, pas grand chose. Ce sera peine perdue. Charge aux parents de montrer l'exemple, charge aux parents d'éduquer leurs enfants. Si vous posez votre téléphone sur la table pendant le repas, vous perdez quand même immédiatement toute autorité et toute crédibilité pour enjoindre votre progéniture de faire autrement.

Et c'est bien la difficulté pour des parents qui généralement mettent ces téléphones dans les mains de leurs enfants quand ils sont jeunes pour regarder un film et avoir un peu la paix. Ne nous le cachons pas. Et quand ils sont plus âgés pour les féliciter d'entrer en sixième notamment. Et d'ailleurs, si vous regardez l'étude Born social de l'agence Heaven, on atteint un pic d'équipement à l'âge de onze ans. Trois enfants sur quatre de onze ans ont déjà un smartphone parce que c'est le cadeau d'entrée en sixième qui permet de maintenir un petit lien avec des enfants qui ont tendance déjà à s'éloigner pour les surveiller également. Cela peut arriver.

Et quand je dis que les parents ont une responsabilité, c'est que généralement les premiers pas du numérique se font avec les parents sur la foi d'un mensonge qui est celui de l'âge requis quand il faut le rentrer dans son application. Il faut quand même rappeler que l'âge légal numérique en France est de quinze ans.

Delphine Sabattier: Il faut le rappeler alors. Et puis en plus, ce téléphone ne sert pas qu'à téléphoner. La vraie problématique, en fait, c'est les contenus.

David Lacombled: S'ils servaient à téléphoner, nos enfants nous répondraient quand on les appelle. Au delà, effectivement, comme vous et moi, surtout vous d'ailleurs, ils sont sur Tiktok, Instagram, Discord en particulier, même si les réseaux sociaux ont plutôt tendance à diminuer pour les plus jeunes au profit de messagerie instantanée, WhatsApp et Messenger en particulier. Et c'est sans compter sur YouTube pour les vidéos puis tous les jeux vidéos. Alors là, vous les connaissez aussi Delphine pour les utiliser, Fortnite, Animal Crossing ou Apex Legends.

Delphine Sabattier: Et on fait quoi alors sur ce sujet des contenus selon vous?

David Lacombled: Une mobilisation sans précédent avec des parents qu'il faut impliquer au sein des foyers? Parce que si vous regardez bien, l'addiction est telle que souvent elle est comparée à l'alcoolémie ou au tabagisme. Pour le coup, le numérique n’a tué personne, me semble t il jusqu'à présent. Néanmoins, cette analogie existe. Mais si vous regardez dans un pays comme la France, on n'interdit pas aux jeunes de boire ou de fumer. On interdit la vente de cigarettes et d'alcool. Toute morale et réprobation sociale mises à part. Et donc, effectivement, on va être exactement dans les mêmes difficultés pour rentrer au sein de maisons. Et donc c'est bien des campagnes de prévention en matière de santé qu'il va falloir mettre en œuvre, parce que les chartes, on l'a vu, elles existent et elles ne fonctionnent pas que les contrôles parentaux, souvent ce sont les enfants eux mêmes qui les mettent en œuvre et que demain, si vous faites de la reconnaissance faciale, ça pose immédiatement d'autres soucis. Peut être faudra-t-il mettre son poignet devant sa caméra pour savoir quel âge vous avez.

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