Les métavers ne sont pas morts

Les métavers ne sont pas morts

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Nos jumeaux numériques ont de l’avenir

Le réseau, la puissance de calcul et l’accumulation de données préparent l’entrée dans les environnements immersifs

Dans la chronique mensuel de La villa numeris, son président, David Lacombled, estime que les doubles numériques et les métavers vont effectuer un retour en force.

Delphine Sabattier, journaliste: La tech, Le numérique, c'est une question humaine et ça, on ne l'oublie pas grâce à David. Et aujourd'hui, eh bien, vous aviez envie de revenir sur les métavers? Et non, ils ne sont pas morts. Vous nous le dites. On en a quand même beaucoup parlé au moment où Facebook s'est rebaptisé Méta en 2022 et c'est un peu retombé comme un soufflet. Pourtant, vous nous dites que les jumeaux numériques ont de l'avenir.

David lacombled, président de La villa numeris : Cvrai que Mark Zuckerberg a remis un peu de bûches dans le feu la semaine dernière avec une démonstration et des avatars tout à fait sidérants. Il faut bien voir que les jumeaux numériques, c'est une projection de soi ou d'un produit ou d'un concept dans l'espace numérique, mais qu'on en fait déjà sans même le savoir. Quand vous avez un avatar sur Instagram ou dans Snapchat avec une lance avec une couronne sur la tête, ce n'est plus vraiment vous, mais ce n'est pas quelqu'un d'autre non plus, c'est votre jumeau en quelque sorte. C’est un concept ancien. Je vous renverrai vers la lecture d'un roman d'anticipation qui s'appelait Le Samouraï virtuel, paru en 1992, écrit par Neil Stephenson et qui décrit un héros qui s'appelle Hiro, un champion de sabre le jour et livreur de pizza la nuit. Je vous laisse le soin de deviner quel est le double.

Au delà, il faut bien voir que le jumeau numérique s'applique dans de très nombreux domaines industriels et on a des champions en France sur ces sujets. Je pense à Dassault Systèmes ou Thalès par exemple. Quand vous construisez un avion et que vous ne le faites plus passer dans des souffleries mais uniquement dans des programmes informatiques pour valider tout ce qui doit l'être, vous êtes dans un jumeau numérique. Quand vous construisez une centrale nucléaire et que vous la livrez au jour près parce que vous avez modélisé absolument toutes les tranches de travaux au préalable et donc anticiper ce qui est inhérent à un chantier en termes de difficulté d'arrêt, ça vous permet effectivement d'avoir un jumeau numérique. Alors, ça laisse un peu rêveur au pays de Flamanville. Mais en la matière, vous avez des champions français qui s'exportent très bien.

Dans le bâtiment, il y a le BIM, vous en entendrez parler assez régulièrement. Ce sont vraiment des maquettes qui permettent de bien anticiper. Oui, ça va se développer pour plusieurs raisons. C'est que les infrastructures sont désormais prêtes. Vous avez du réseau, de l'accumulation de données et de la puissance de calcul comme on n'en a jamais vu. Donc autant de choses qui vont permettre de simplifier, de mettre en magasin, si je puis dire, des solutions pour demain. Faire de la formation, par exemple. Aujourd'hui, il est plus simple d'emmener des jeunes collégiens dans une menuiserie virtuelle que dans une vraie. On voit tout de suite les incidents qu'on peut éviter. Et ce n'est pas de la science-fiction, ça existe déjà dans de nombreux centres de formation en France.

Delphine Sabattier: Et pourtant chez Meta, on licencie dans la branche Metaverse quand même.

David Lacombled: Parce que, on l'a vu, le numérique fait aussi qu'il y a une courbe d'apprentissage qui fait que vous avez peut-être un peu moins de monde dans un deuxième temps pour développer. Souvenez-vous de l'origine du Web on mettait six mois pour développer un site là où il se fera en quelques jours désormais. Donc ça a des conséquences immédiates. Nénamoins, il faut bien voir qu'en 2022, il y a eu de très lourds investissements. Ce sont 6 milliards d'euros d'investissement qui ont été mis dans des jeunes pousses. Et donc ça portera ses fruits à un moment ou à un autre. Et selon une autre étude de McKinsey, on est sur une projection de 700 milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon de la fin de la décennie, c'est à dire autant que le jeu vidéo et le cinéma réunis.

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