Entretien
Jérôme Doncieux: «Vive la révoluSON»
Pour le fondateur et PDG d’ETX Studio, l’Internet audio est la prochaine grande révolution amplifiée par l’IA
Cette interview est à lire et à écouter aussi, comme la plupart des contenus de notre think tank désormais, grâce la technologie ETX Studio.
La villa numeris : Agence de presse, créée en 1988 sous le le nom de Relaxnews, ETX Majelan s'affirme comme le prochain leader de l'audio mobilité. En quoi la prochaine révolution numérique sera celle du son?
Jérôme Doncieux, fondateur et PDG d’ETX Studio: Après l’internet écrit puis l’internet vidéo, l’Internet audio est la prochaine grande révolution pour au moins trois raisons:
- L’évolution des usages des consommateurs post Covid qui a amplifie le triomphe du multi tasking, des nouvelles formes de mobilité mais aussi de la fatigue digitale due aux écrans et à la vidéo;
- La révolution de l’IA, notamment sémantique, qui permet une révoluSON industrielle grâce à la transformation à grande échelle de contenus textes en audio, redonnant au passage toute sa noblesse à l’écrit;
- Le très important potentiel de monétisation de cette double révolution, tant en termes d’abonnement que de publicité avec des CPM (coûts pour mille) élevés liés à la qualité de l’écoute.
RELAXNEWS est devenu ETX Studio en 2020 lors de notre spin-off de Publicis alors que Renault a gelé notre rachat auprès de Publicis à un mois du closing fin 2019 car ils étaient en pleine crise à la suite des départs de Carlos Ghosn et de Thierry Bolloré. Les discussions avec eux m’avaient néanmoins convaincues de l’opportunité de créer un champion de l’audiomobilité capable de transformer les usages en mobilité. Une ambition accrue avec le mariage entre ETX et Majelan en juillet 2022.
La villa numeris: N'est-ce pas un pari audacieux face à l'émergence des solutions d'intelligence artificielle générative et à la multiplication des applications de transcription?
Jérôme Doncieux: Ces solutions sont des leviers de notre succès pas des freins. En effet, notre mix est triple : vision, savoir-faire Tech et contenu, et rapidité. Idem avec les Big 5 qui apportent connectivité voire interactivité mais pas singularité. Nous avons en revanche plein de challenges à relever pour être le prochain leader de l’audiomobilité.
La villa numeris: Vous détenez également une plateforme de podcasts grand public, Majelan, dans un marché où l'offre est abondante et pour une bonne partie accessible gratuitement. Comment en faire un investissement rentable?
Jérôme Doncieux: Nous faisons résolument le choix du BtoBtoC voire Employee. C’était d’ailleurs tout le sens du mariage avec Majelan qui avait entamé cette mutation grâce à un accord avec Bouygues Telecom et Orange Belgique notamment. Une telle plateforme BtoB peut ambitionner de réaliser une très forte croissance rentable à l’échelle mondiale à l’horizon 2030.
La villa numeris: Dans un mémoire de l'Executive Master de l’Ecole polytechnique de Paris, vous annonciez, en 2022, l'avènement de la société de la vraisemblance. Alors que nos sociétés semblent plus que jamais en doute, comment les marques et institutions peuvent-elles regagner en crédibilité?
Jérôme Doncieux: Vaste question. Je n’ai absolument pas la prétention d’avoir toutes les réponses mais je crois que le concept de «société de la vraisemblance» pose bien le sujet qui est que la techno est tellement forte qu’elle rend vraisemblable une qualité d’expérience humaine. C’est autant une opportunité qu’un risque. Opportunité de renforcer le caractère stratégique et universel du contenu. Risque d’en faire un levier de tromperie politique, économique, culturel ou personnel. C’est vertigineux.
Je crois à la transparence, la pédagogie et l’expérimentation. Par exemple, l’utilisation d’une voix de synthèse doit être précisée par l’éditeur afin d’avoir un contrat éthique avec son lecteur / auditeur. «Cette voix est une reproduction, avec son accord, de celle de Bruno Jeudy ou Philippe Mabille» pourrait par exemple dire La Tribune, qui travaille beaucoup la-dessus, à ses lecteurs. Lecteurs dont on sait par ailleurs qu’ils «pardonnent» beaucoup aux imperfections des technologies quand on les informe de leur usage en toute transparence. La France comme l’Europe ont à mon sens beaucoup à gagner à être en pointe sur cette «société de la vraisemblance» et des think tanks comme La villa numeris ont un rôle éminent à jouer dans cette réflexion. Merci de me donner l’occasion d’y apporter ma pierre.