Une année en perspective

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Tech: que nous réserve 2024?

Une année aux multiples enjeux, réglementaires, économiques, sociaux et moraux

David Lacombled, président de la villa numeris, passe en revue, dans le rendez-vous de notre think tank sur B Smart TV, les grands sujets qui vont faire l’actualité en 2024.

Delphine Sabattier, journaliste: On a un marché de la tech qui reste quand même très dynamique, en croissance. Mais que nous réserve la suite?

David Lacombled: Tous mes vœux pour une belle et grande année. Alors on va laisser aux intelligences artificielles les prédictions, et aux prédicateurs, les prophéties. Mais il ne faut pas être grand clerc. L'année devrait être quand même riche en data et en intelligence artificielle, avec néanmoins plusieurs enjeux. Un enjeu réglementaire : l'Europe peut se targuer d'être la première puissance à se doter d'un règlement et d'un encadrement des solutions d'intelligence artificielle. Il y a eu un accord en fin d'année dernière. Maintenant, il va falloir voir ce qu'il y a exactement. Et puis on voit bien que l'Allemagne et la France en particulier, aimeraient en amoindrir la portée, ne serait-ce que parce qu'ils ont chacun une pépite à bord Mistral AI en France, et Alep Alpha en Allemagne, qui sont promises à devenir des pépites qui vont grandir. Elles ont déjà une valorisation supérieure au milliard de dollars. Ce sont des licornes.

Ensuite, il y a un match des Titans. Facebook et Google en particulier ne veulent pas s'en laisser compter et donc vont tout mettre en œuvre pour revenir dans la course qui a été dominée par Open AI et ChatGP l'année dernière. Avec néanmoins en toile de fond, pour Google, un procès anti-trust aux Etats-Unis dont la première partie s'est achevée en fin d'année dernière. Mais les plaidoiries auront lieu au printemps prochain. Ensuite, il y a un enjeu économique fort pour les entreprises de savoir à quel moment elle bascule. Et on voit bien celles qui savent déjà dompter les datas ont des chiffres de croissance à deux chiffres par an et donc il s'agit de ne pas laisser passer le train. Un enjeu moral, notamment sur les IA génératives de savoir comment on rémunère les ayants droit dont les œuvres ont été aspirées ou le seront pour nourrir les bassins d'entraînement et enfin un enjeu social vis à vis des individus qui ne vont pas perdre leur travail au profit des machines, mais qui seront sérieusement challengé, remis en cause par des êtres qui, eux, sauront les manier..

Delphine Sabattier: Alors il y aura quand même pas que de l'intelligence artificielle. David En 2024, on va peut-être parler un peu d'autre chose.

David Lacombled: Ne sait-on jamais. L'espace risque d'être saturé un peu. Néanmoins, ça vaudra le coup de regarder là, dans les jours qui viennent. Du côté de Las Vegas où s'ouvre le Consumer Electronics Show, toutes les big Tech sont de retour : Samsung, Amazon, Microsoft, Google avec beaucoup d'annonces qui par nature ne sont pas encore connues mais qui seront à visée industrielle ou automobile, et avec en toile de fond un enjeu de transition écologique très fort puisqu'aujourd'hui transition numérique et écologique sont indissociables et il y a une forte pression de ce point de vue-là. Et puis il y aura des annonces en matière de réalité augmentée, notamment avec Apple, en matière de cybersécurité, On a le sentiment que ce sont un peu des buzz words. Ça revient chaque année. Insensiblement, irrésistiblement, ces technologies s'installent.

Delphine Sabattier: Alors 2024, ça va être aussi une année électorale?

David Lacombled: Exactement. On vote sur tous les continents en Inde, au printemps. Alors sous nos latitudes, on s'y intéresse un peu moins, mais c'est la superpuissance de demain et le réservoir aussi du numérique, ne serait-ce que par les ingénieurs qui peuvent y être. En Europe, au printemps, les élections pour le Parlement européen dans les 27 pays de l'Union entre le 6 et le 9 juin et aux États-Unis, l’élection présidentielle avec un scrutin en novembre, traditionnellement le mardi suivant, le premier lundi de novembre. Si vous avez aimé Trump et Biden en 2020, vous ne devriez pas être déçus puisque les deux s'apprêtent à remonter sur le ring. On se souvient à quel point le match avait hérissé les opinions et est mis à mal aussi la modération d'un certain nombre de plateformes. Cette fois ci, elles vont être aguerries et avec en nouveauté, une injonction en Europe, puisqu'il y a la mise en application du Digital Service Act qui impose aux plateformes d'être plus vigilantes et d'être plus proactives. Moyennant quoi les modèles économiques changent un peu. Il pourrait y avoir des répercussions sur les médias. Ce sera tout l'enjeu des États généraux pour l'information, qui devraient rendre leurs conclusions à l'été.

Delphine Sabattier: Bon, il y a bien un ou deux sujets qu'on attend de voir émerger et qui n'arrivent toujours pas, mais qui arrivera peut être cette année.

David Lacombled: Mais oui, parce que en matière technologique, on a toujours l'amplification au début, puis après on oublie et ça s'installe progressivement et durablement. On a beaucoup parlé de la 5G au cours des dernières années. Les offres grand public vont commencer à être commercialisée. D'ailleurs, je ne sais pas si vous avez vu en Finlande, on ouvre 6G dans les jours qui viennent et puis on va voir aussi ce qu'il en advient des super apps et notamment de X anciennement Twitter.

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