IA et cinéma

IA et cinéma

#DigitalTrends | 04/12/24 | Compte-rendu

Une nouvelle ère pour la création

Alors que l’intelligence artificielle redéfinit les frontières de la création audiovisuelle, La villa numeris accueillait l’école de cinéma et d’audiovisuel EICAR et la société Human2AI à la faveur du lancement du Lab EICAR IA & Cinéma

Le mercredi, c’est cinéma. Les membres de La villa numeris avaient rendez-vous dans l’Amphi de Onepoint pour une rencontre afin d’explorer les impacts, les promesses et les défis des solutions d'intelligence artificielle sur l'avenir du cinéma.

La matinée s’est ouverte avec un court générique généré par une solution d’intelligence artificielle générative, l’mage comme la musique. La rencontre a illustré combien petits et grands écrans peuvent se réinventer et renouveler leur créativité avec l’IA.

De la perspective

«L’IA est dans le cinéma depuis longtemps. Il se passe déjà beaucoup de choses», relève Jean-Yves Le Moine, cofondateur d’Human2AI. Aussi, pour David Lacombled, président de La villa numeris, qui évoque «Un homme de têtes» de Georges Méliès (1898) «la technologie est consubstantielle du cinéma». Jean-Yves Le Moine se réjouit de «la progression incroyable dans la génération d’images». En effet, Samah Benchao, responsable des partenariats entreprises et institutions de l’école EICAR relève combien «le cinéma a toujours été en lien étroit avec la technologie».

Présentant le Lab EICAR : IA & Cinéma avec David Hanau, cofondateur de Human2Ai, elle explique qu’«EICAR accompagne les innovations du monde du cinéma et de l’audiovisuel depuis plus de 50 ans en formant à tous les métiers qui interviennent dans la création d’une oeuvre audiovisuelle». Samah Benchao met notamment en exergue «les innovations technologiques». Ce lien étroit avec la création est confirmé par Marianne Carpentier, directrice du développement des technologies émergentes, Production & Distribution, Groupe TF1 où «l’IA est partout. Elle est très contrôlée et très chartée». Celle-ci est en effet présente «du démarrage de l’idéation d’un projet jusqu’à son archivage et même sa restauration pour réexploiter des catalogues anciens».

Projetant le film court «Blurred Horizon» de Jeff Synthetized, Jean-Yves Le Moine note que l’IA joue un rôle clé pour «de grands mouvements de foule». Il souligne que l’IA est de plus en plus présente «dans l’animation sur des plateformes spécialisées dans l’IA existantes aux Etats-Unis», «la patte artistique» est bien là. L’IA tend à s’imposer aussi dans le documentaire qui s’inscrit «dans une économie sous contrainte. C’est là où l’IA est arrivée en premier», explique Marianne Carpentier. D’ailleurs, David Lacombled évoque «la tendance actuelle» consistant à «compléter les archives manquantes en reconstituant des documents». En effet, l’IA offre au documentaire «une illustration qui sert le propos» décrypte Marianne Carpentier. «On emmène l’audience dans un imaginaire. Ce travail est effectué avec des historiens et des journalistes. Recourir à l’IA permet d’effectuer des interviews avec des personnes à risque comme des femmes battues dont la voix est modifiée par une voix artificielle qui joue quand même les émotions avec le speech to speech», considère-t-elle. Le propos n’est pas dénaturé. Elle précise que «l’utilisation doit être transparente et explicitement écrite».

Autre opportunité offerte par l’IA : plus de parties prenantes. En effet, l’IA «casse les barrières économiques à l’entrée», note Jean-Yves Le Moine. Pour Gilles Gaillard, cofondateur de Animaj et n9ne studio, l’audiovisuel est «une niche unique qui nécessite beaucoup d’argent très tôt et constitue un écosystème». Il file la métaphore avec la musique classique «soutenue par les pouvoirs publics, l’héritage culturel qui se transmet» et la musique pop «immédiatement entendable» qui tend à s’installer et qui «n’a plus besoin de propres ressources d’enregistrement». Gilles Gaillard rappelle d’ailleurs l’appétence des consommateurs pour «les formats courts : films, trailers, extraits». Pour lui, «on vit dans un monde où il y a la musique classique et la musique pop».

De la vigilance

Pourquoi pas «un syndicat de l’IA» ? C’est l’idée proposée par Laurent Sequaris, directeur de la création, Canal + Brand Solutions évoquant «les contraintes» auxquelles doit faire face le monde de la création. Laurent Sequaris tient à rappeler que «le plus important, ce sont les personnes derrière les outils, les créateurs et le sens artistique». Relevant différentes manières de travailler avec l’IA, Jean-Yves Le Moine évoque l’approche automatique qui mènera à «un flot d’images. On va être submergés, on va devoir se protéger de ce flot». Pour Gilles Gaillard, «l’ARCOM devra réguler un écosystème de contenus en levant des ambiguïtés. Un document ce n’est pas une image truquée».

«L’aspect juridique est la plus grande contrainte. Une très bonne idée passe d’abord par le côté juridique. Celui-ci représente 80% de notre temps et 20% est consacré à la création», note Laurent Sequaris relevant l’écart entre médias et réseaux sociaux. Pour ces derniers, «il n’y a pas de directeur éditorial ou de création. Il y a beaucoup de deep fakes». Marianne Carpentier confirme le point de vue de Laurent Sequaris en citant, parmi les grandes contraintes «la gestion des droits, des données qu’on met dans les machines». Aussi, pour elle, «la télévision linéaire a un rôle à jouer dans le filtrage des contenus horribles qui vont arriver sur plein de plateformes. Elle apporte une éditorialisation et est attentive à la qualité des contenus. Une chaîne linéaire a un devoir envers la société».

De l’humain

Un contenu doit être porté par un angle, par des hommes, des femmes, des gens de la diversité», rappelle Marianne Carpentier. Pour Laurent Sequaris, «l’humain est au cœur». Les grands témoins sont unanimes : la formation est clé. Avec une approche «exploratoire», le Lab EICAR IA & Cinéma propose tous les trimestres des décryptages «des défis» et de leur appréhension au quotidien, explique Samah Benchao notant que ce lab «sensibilise les étudiants aux transformations induites par l’IA». Elle cite ainsi «les enjeux réglementaires, légaux, éthiques, techniques».

Avec l’IA, la production audiovisuelle «connaît une grande révolution» explique David Danau, cofondateur de Human2Ai qui est l’opérateur de l’atelier pratique du lab. Il s’agit, relève-t-il, «d’accompagner les élèves autour de cette révolution avec de nouveaux formats, de nouvelles formes de narration et de nouveaux talents». Le Lab EICAR : IA & Cinéma est «opérationnel et appliqué autour de workflow de production, dans des champs de production de l’audiovisuel», explique David Hanau. Concrètement, les étudiants pourront «expérimenter de nouveaux formats et de nouvelles façons de faire». Les thématiques sont variées : «animation, effets spéciaux, images réelles, teasers de films et séries, publicité et archives». Ces ateliers débuteront en janvier 2025 et le reveal aura lieu à la mi-juin à Viva Tech. Des temps forts pour le cinéma en perspective.

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Une école de cinéma à Paris, Lyon & Montpellier

Depuis 1972, EICAR, école internationale de cinéma et d’audiovisuel à Paris, Lyon, et Montpellier, est un établissement d’enseignement supérieur technique privé qui prépare les professionnels de demain aux métiers de la production audiovisuelle, du cinéma, du son et de la musique.

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