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Techno immersives : créons nos propres champions européens!
Paul d’Amécourt qui a dirigé les travaux de notre think tank sur les technologies immersives présente notre plaidoyer dans l’émission Smart Tech présentée par Delphine Sabattier sur B Smart
Expositions artistiques en réalité virtuelle, casques de réalité mixte… les technologies immersives sont en pleine expansion. Si elles offrent un potentiel considérable pour l'économie, l’Europe reste en retard par rapport à l’Amérique du Nord et à l’Asie. Pour rattraper leurs concurrents, les acteurs européens doivent s'appuyer sur une stratégie claire et concertée.
Delphine Sabattier, journaliste: Créer des champions européens dans les technologies immersives, voilà un plaidoyer publié par La villa numeris. Les travaux ont été dirigés par mon invité, Paul d’Amécourt. Bonjour, vous êtes le fondateur et président de Lighthouse Europe, qui est un cabinet de conseil en affaires publiques européennes. Le titre du rapport est «Créer des champions européens des technologies immersives». Mais est-ce que l'Europe a saisi l'importance de ces technologies mais aussi les opportunités que ça représentait?
Paul d’Amécourt: Nous avons souhaité faire un plaidoyer après avoir échangé avec de nombreuses entreprises et des champions français et européens. Et nous nous sommes rendu compte qu'au-delà d'un whitepaper, d'un livre blanc, il serait intéressant d'avoir un plaidoyer.
Delphine Sabattier: Il s'agit de nous convaincre déjà de l'importance de ces technologies.
Paul d’Amécourt: Et de les définir. Qu'est-ce que c'est qu'une technologie immersive? Tout simplement, c'est créer une interface homme-machine. Alors derrière ça, ça implique un certain nombre de technologies. Elles ne sont pas toutes contrôlées par des acteurs européens. Certaines sont très connues des grandes marques qu'on connaît, dont on entend parler dans l'actualité
Delphine Sabattier: Qui sont virtuelles, la réalité augmentée, la réalité mixte. On entend peu de boîtes européennes en vrai sur ces sujets?
Paul d’Amécourt: Il y en a quelques-unes qui sont très douées, mais elles sont surtout très douées d'un point de vue industriel, c'est-à-dire comment utiliser.
Delphine Sabattier: En back office.
Paul d’Amécourt: Alors, comment utiliser ces technologies et comment les utiliser dans leur propre industrie, sur des secteurs aussi divers que le rail, l'énergie, l'éducation, la transmission du savoir, le militaire, un peu de spatial aussi. Donc, il y a une très grande diversité de questions.
Delphine Sabattier: Est-ce que l'Europe est convaincue que ces technologies immersives sont importantes, sont une opportunité de croissance économique, par exemple?
Paul d’Amécourt: Les pays commencent à être convaincus. L'Europe est la somme des pays. Elle n'est pas tout à fait là. Un certain nombre d'acteurs se sont impliqués sur le sujet assez récemment, il y a eu des déclarations qui ont été faites très récemment au niveau du Parlement européen, mais aussi de la Commission sur ces sujets. Il y a un certain nombre de consultations qui ont eu lieu en ce moment même au niveau européen. Le plaidoyer tombe au bon moment, mais surtout, c'est un moment assez positif pour cette réflexion. Et aussi, il y a une grande question qui est celle de la souveraineté européenne. Il y a un constat, c'est que beaucoup d'acteurs dans les technologies sont assez dominants au niveau international, plutôt aux États-Unis, dans les Amériques et en Asie. L'Europe a énormément d'atouts, mais il y a besoin d'un certain nombre de conditions pour pouvoir avancer.
Delphine Sabattier: Vous avez identifié évidemment plusieurs freins et leviers, mais est-ce que le principal, finalement, ce n'est pas le coût de ces technologies aujourd'hui pour l'Europe, le coût que ça représente?
Paul d’Amécourt: C'est une vraie question. Alors, ça a un coût. Il y a plusieurs facteurs sur ce coût. Un c'est la capacité à développer ses propres technologies. Nous-mêmes, ça a un coût. Donc il faut favoriser, comme beaucoup d'autres secteurs dans le passé, des filières, des start-up, des gens qui sont innovants sur ce sujet-là. Deuxièmement, il y a l'utilisation de technologies qui sont plutôt contrôlées par des acteurs extra-européens. Ça a un coût, mais ce n'est pas grave. Il faut savoir mettre en place les bonnes conditions pour avoir des accords en bonne et due forme, avec des bons cadres, pour avoir des transferts de technologies sur des années un peu longues. Mais pour nous, même, pouvoir contrôler ces technologies et avoir, c'est l'espérance de la vie, du numérique et tout. Toutes les conditions sont là pour avoir des champions français et c'est plutôt des entreprises françaises et européennes que nous avons interrogées, mais des entreprises qui sont des champions européens qui sont capables eux aussi de s'exporter.
Delphine Sabattier: C’est finalement le panel de recettes que vous proposez pour créer ces champions dans les technologies immersives. Est-ce qu'on ne retrouve pas les mêmes recettes que dans toutes les industries, ou est-ce qu'il y a des spécificités?
Paul d’Amécourt: Je pense que les spécificités sont liées au niveau d'innovation. C'est-à-dire qu'on est beaucoup dans ce qu'on appelle de l'innovation aujourd'hui, très souvent de l'implémentation de choses qui existent déjà dans le secteur des technologies immersives. On parle d'acteurs industriels qui sont très avancés. Un exemple connu, Dassault Systèmes, est utilisé à la fois par. C'est probablement l'acteur qui sait s'exporter. Il y a des transferts de technologie ou des accords qui sont passés avec des acteurs étrangers. C'est une vision des technologies à dix ans, c'est une innovation fondamentale parce qu'on est en train de toucher non pas des logiciels mais à la fois des machines qui sont capables d'émuler un certain nombre de choses. Et également, il faut avoir des puissances de calcul importantes. Ça, ça embarque beaucoup d'autres sujets qui eux-mêmes ont les mêmes débats. Donc, je pense que la réponse est tout simplement si nous voulons créer des champions européens, les emplois de demain, de la valeur sur les années à venir, il faut investir dedans parce que c'est l'innovation fondamentale.
Delphine Sabattier: Merci beaucoup Paul D'Amécourt et j'invite à lire le rapport complet, votre plaidoyer pour bien comprendre tous ces enjeux.