#DigiLex e-Santé et déserts médicaux

#DigiLex e-Santé et déserts médicaux

30/01/20 | Compte-rendu

Pour un accès égal aux soins

Etat des lieux de la télémédecine alors que les français ne sont pas égaux face aux soins. La e-Santé est-elle un remède aux déserts médicaux ?

Alors que les patients doivent faire face à l’engorgement des urgences, à des spécialistes dont l’accès difficile est manifeste tant sur le plan géographique que lié aux temps d’attente, les enjeux liés à la santé sont légion, en témoigne l’actualité récente. Aussi, Cette dernière est remboursée par l’assurance maladie depuis septembre 2018. 

Confiance

«Une révolution des pratiques» est louée par Nicole Janin, qui note que c’est «une petite révolution technique». Pour la conseillère médicale de l’Agence numérique en santé (ANS), qui accompagne la transformation numérique du système de santé, manifestant sa confiance envers la consultation à distance, il faut que cette dernière s’installe alors que 60.000 actes de téléconsultation ont été facturés depuis un an. Nicole Janin revient sur les résultats du baromètre télémédecine de l’Agence du numérique en santé réalisé par Odoxa et CareInsight sur les pratiques et motivations des professionnels de santé.

Aussi, 84% des médecins et 80% des Français connaissent les actes de télémédecine. 40% des Français et 50% des médecins et des infirmières souhaitent y recourir. 60% des Français et 70% des médecins et des infirmières ont une bonne opinion de la télémédecine. Les patients ont, explique-t-elle, «une connaissance de ce qu’apporte la télécommunication». En effet, les avantages de la téléconsultation sont nombreux ; tant pratiques que financiers et pour l’ensemble des parties prenantes. Le parcours de soin est, en effet respecté. Maxime Cordier, directeur des partenariats de LIVI France, qui permet aux patients de consulter un médecin inscrit à l’Ordre des médecins, par la vidéo depuis une tablette ou un smartphone, souligne que «la loi a préservé un principe essentiel : le parcours de soin et la place du médecin traitant». Celle-ci s’effectue avec un médecin traitant ou un spécialiste qui a déjà vu le patient.  Pour Maxime Cordier «la téléconsultation permet au médecin de consulter à son domicile et en dehors des horaires classiques d’un cabinet. La téléconsultation représente des gains financiers pour l’assurance maladie». 

De l’organisation conjuguée au numérique 

«Les patients s’impatientent !» relève David Lacombled, président de La villa numeris dans l’introduction de la matinée. «Les cartes des déserts médicaux et celles des déserts numériques se superposent» considère Guillaume de Durat, fondateur et président des Universités des déserts médicaux et numériques. Ainsi, lorsque télécoms et réseaux sont absents, la difficulté pour communiquer est grande. Guillaume de Durat rappelle que 6 à 8 millions de personnes vivent dans «des déserts médicaux». Elles ont une grande attente. La téléconsultation permet non seulement de faire des économies mais aussi d’éviter de se déplacer pour un renouvellement d’ordonnance. En effet, pour que la téléconsultation puisse fonctionner, la connexion, la qualité de son ou encore «s’assurer que le retour d’image soit satisfaisant sont nécessaire» explique-t-il. 

Les déserts médicaux ont un impact réel sur les finances et la mobilité des patients notamment ceux atteints de maladies chroniques comme l’explique Axelle N’Ciri, fondatrice de Map-patho, annuaire collaboratif des soignants par pathologie, et auteur de «Lonely Patient» (Débats publics, 2020), «les maladies chroniques dépendent des grandes villes». En effet, les médecins spécialistes se trouvent généralement dans les grands hôpitaux et les grandes villes. Elle explique qu’une organisation s’avère nécessaire alors que «seuls 2% des personnes atteintes de maladies chroniques suivent une téléconsultation». Nicole Janin rappelle, en outre, de «ne pas oublier que les patients auront besoin de présentiel». Pour Guillaume de Durat, «il faut que le médecin regarde les antécédents médicaux du patient. Qu’il puisse reprendre le dernier compte-rendu de celui-ci». 

La télémédecine ou l’importance d’éduquer

Ancienne urgentiste, le Dr Céline Jardy, médecin généraliste, a fondé l’application web Urgences Chrono. Elle déplore que «les patients connaissent mal l’offre de soins urgents». Il s’agit, selon elle, dès lors, d’informer sur les possibilités offertes par les différentes structures d’accueil en urgence comme la maison médicale de garde, le centre de premier recours, SOS médecin, les services d’urgences. Elle considère que «le numérique peut permettre d’améliorer et d’optimiser un système qui pose beaucoup de problématiques.» Il s’agit ainsi de «permettre aux patients de s’orienter grâce à de bonnes informations afin qu’ils se répartissent sur les différentes structures alternatives.» Pour elle, les pharmacies jouent aussi un rôle clé. Elle évoque ainsi la présence d’un cabinet de téléconsultation dans les pharmacies. 

Le sénateur Jérôme Bignon qui s’appuie sur une expérience d’élu local a été confronté à la désertification du territoire. Il évoque une maison de retraites sur son canton de 6.000 habitants, où le nombre de médecins était insuffisant. Les patient devaient alors se rendre aux urgences. La décision a été alors prise de fusionner les EHPAD du territoire et de créer quatre maisons médicales. « On a bénéficié du premier contrat local de santé. Autour de la table, se trouvaient des médecins, des élus et l’administrations, il y a eu une prise de conscience de la désertification et de la pauvreté par rapport aux problèmes médicaux». Il explique qu’à la périphérie des grandes villes ou dans les zones rurales, «les gens sont très démunis». 

Aussi, la labellisation pourrait être un pilier précieux pour la e-santé. Le Dr Céline Jardy met en relief l’enjeu de la fiabilité des applications et des sites internet : «une vraie problématique». Les patients, sans compétence médicales, ne savent pas où aller chercher. Pour Guillaume de Durat, la règlementation «doit être à l’échelle nationale». Avec cette labellisation, c’est l’occasion de confirmer le rôle du numérique. «Il faut que le numérique soit utile pour la vie quotidienne et la vie de la médecine» conclue le sénateur Jérôme Bignon.  


//. Ressources

Baromètre télémédecine de l'Agence du numérique en Santé réalisé par Odoxa et CareInsight sur les pratiques et motivations des professionnels de santé et les Français >> Lire

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