Alliances stratégiques

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L'Inde, nouveau moteur du monde?

La France et l’Europe ont tout à gagner à renforcer leurs partenariats stratégiques avec le sous-continent asiatique

Après son voyage à Bangalore, David Lacombled en est persuadé, dans la reconfiguration du monde, l’Inde s’impose comme une évidence. Un continent à elle seule, où dynamisme et jeunesse sont au rendez-vous. Avec la perspective en plus du sommet de l’IA début 2026.

Delphine Sabattier, journaliste: Vous rentrez d'Inde où vous avez effectué un voyage d'étude au cœur de l’écosystème numérique à Bangalore. Vous en revenez enthousiaste. A ce que je comprends dans la reconfiguration du monde, selon vous, l'Inde s'impose comme une évidence.

David Lacombled, président de La villa numeris: L'inde, c'est un continent en soi. 1,5 milliard d'habitants, c'est trois fois l'Europe. Autant vous dire que le dynamisme et la jeunesse sont présents à chaque coin de rue. Et plus qu'une promesse, c'est une réalité en devenir accélérée à un moment où le monde se fracture. On voit bien que l'océan qui sépare l'Europe des Etats-Unis s'agrandit, avec des séismes commerciaux à la clé. L'Inde peut représenter un point d'ancrage avec son dynamisme et une position stratégique particulièrement intéressante. Et une jeunesse, je vous le disais - un Indien sur deux à moins de 25 ans - s'assure qui apporte de la vitalité, de l'innovation et de la transformation sociale, bien sûr. Et plus qu'une imitation, c'est véritablement aujourd'hui une invention qui est mise en œuvre. Et miser sur l’Inde, c'est investir, me semble-t-il, sur le futur et ne pas laisser seul demain. Palo Alto et Shenzhen décider du devenir numérique de notre planète, mais miser aussi sur Paris, New Delhi et Bangalore.

Delphine Sabattier: Mais est ce que l'Inde peut aider l'Europe justement, à gagner, à recouvrer son autonomie stratégique?

David Lacombled: L'autonomie, ça ne se décrète pas, ça se construit. On a besoin de relais en matière d'intelligence artificielle, de cybersécurité, de quantique. Et l'Inde peut devenir effectivement un partenaire agile, puissant et fiable qui est en train de construire un vaste plan «Digital India» sur plus de quinze ans, j'allais dire à l'indienne. En consolidant ses infrastructures, en permettant à ses citoyens d'accéder aux services numériques, et pour construire une société de l'innovation. Ça en fait un terrain de coopération particulièrement fertile, avec des intérêts qui sont alignés et au-delà de la technologie, une confiance qui est déjà installée, qui s'est forgée au cours de dizaines d'années de coopération, de partenariats forts et fructueux. Je pense notamment en matière de défense et d'armement, et également d'énergie, L'énergie qui sera un enjeu majeur dans le développement des technologies de l'intelligence artificielle dans les années qui viennent. Et donc effectivement, ça peut nous permettre de reprendre pied sur l'échiquier mondial.

Delphine Sabattier: Après, il y a des différences quand même fortes culturelles est qu'il n'y a pas un risque d'incompréhension entre ces deux mondes qui sont si différents.

David Lacombled: Très clairement, l’Inde est particulièrement complexe, mais j'aime mieux vous dire qu'elle est aussi complexe aux yeux d'Européens que l'Europe l'est aux yeux des Indiens, dans son administration et dans son organisation. Faisons de cette difficulté une opportunité. Loin des idées reçues, parce que l'Inde pense, crée et aspire à une reconnaissance globale. Et comme en Europe, il y a beaucoup de langues. Effectivement, c'est très administré, mais on connaît. Et l'anglais pratiqué est un peu rugueux mais assez compatible finalement avec l'anglais précaire qui peut être celui de beaucoup de Français. Et finalement, ça fait beaucoup de personnes qui arrivent à se comprendre et à passer les barrières. Je vous renverrai vers un livre fameux qui est Shantaram, grands récits indiens de Gregory David Roberts, qui définit les Indiens comme des Italiens de l'Asie. Après tout, ça fait une raison supplémentaire de les apprécier.

Delphine Sabattier: Alors, quel rôle concret pourraient jouer les entreprises françaises dans cette alliance?

David Lacombled: Le premier, l'esprit français, c'est d'être pionnier. Et donc, Bangalore n'a rien à envier à la Silicon Valley, une capitale mondiale de l'innovation, un carrefour d'échanges, un vivier de talents. La France est un des rares pays occidentaux à y avoir une représentation consulaire. Charge à nous d'amplifier et d'accélérer et de structurer notre partenariat.

Delphine Sabattier: Avec en plus la perspective du match retour du sommet de l'IA qui se tiendra en Inde en 2026.

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