Artificial Intelligence Marseille

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Replay #AIM 15/11/24

IA: «Ne faisons pas de la régulation la réponse par défaut de l’Europe»

Notre think tank participait au AIM Sommet organisé par La Tribune et La Provence

«Vivre et travailler avec l'IA, aujourd'hui et demain» constituait le thème de cette 2e édition au cours de laquelle les enjeux de régulation ont également été traités.

La régulation risque-t-elle de causer le déclassement de l'Europe? David Lacombled, président de La villa numeris, intervenait dans un débat animé par Philippe Mabille, rédacteur en chef de La Tribune, et Sylvain Rolland,  rédacteur en chef adjoint, avec Stéphane Richard, président non-exécutif de Perella Weinberg Partners Animation, et Arno Pons, délégué général du think tank Digital New Deal.

Selon lui, «aujourd'hui, c'est moins les textes eux-mêmes que leur enchevêtrement qui pose un problème» avec une «abondante production législative ces dernières années : le Digital Services Act, le RGPD, l’IA Act. Autant de textes qui, loin de se compléter, s'empilent» avec «une application zélée » dans notre pays.

Le président de La villa numeris met en garde: «Si vous régulez trop et trop vite et trop loin, vous allez favoriser les acteurs déjà installés, les gros, au détriment des jeunes pousses» recommandant de ne pas faire «de la régulation la réponse par défaut de notre continent. Parce que si vous êtes l'arbitre des élégances à la fin du match, c'est rarement l'arbitre qui le gagne». Il constate que «l'IA est tendance. Tous ceux qui sont en charge des transformations veulent être sur le sujet. Et il n'est pas illogique que les autorités de régulation se prêtent aussi à une course à l'échalote pour être ou pour tenter d'être celui qui les régulera demain.» Selon lui, il faudra renforcer la «concertation entre des autorités indépendantes».

Stéphane Richard, ancien PDG du groupe Orange, rappelle pour sa part que «dans les 20 dernières années, avec une optique qui était de développer la concurrence (…) on est arrivé à avoir une centaine d'opérateurs fixes et mobiles au moins. D'ailleurs, c'est même plus que ça sur un marché en gros de 500 millions d'habitants, là où pour le même marché, on en a trois aujourd'hui aux Etats-Unis et trois en Chine».

Désormais associé banque d’affaires Perella Weinberg, Stéphane Richard constate que, en matière d’intelligence artificielle aussi, «l'Amérique c'est l'innovation, la Chine c'est la production et l'Europe c'est la régulation». Il regrette par ailleurs que systématiquement «on commence quand même d'abord par traiter la question de la régulation. On la traite d'ailleurs uniquement sous l'angle des risques» ajoutant «Il n'y a jamais cette notion de balance avantages / risques qu'on trouve dans beaucoup d'autres domaines».

Enfin, il souligne que «la régulation en Europe a été beaucoup faite contre les Américains. Parce qu'en fait, ceux qui ont dominé depuis 20 ans l'économie du numérique, ce sont les géants américains». Certes, « ça les ennuie, ça les ralentit, ça leur coûte de l'argent, mais ça ne les empêche pas quand même d'avancer». Il déplore que «cette régulation européenne (…) pénalise d'abord lesplus les petites entreprises européennes que les géants de la tech américaine».

Arno Pons, quant à lui, considère qu’il faut «penser la régulation comme une colonne vertébrale qu'on se tienne droit et qu'on se protège», ajoutant «Il ne faut pas prendre une vertèbre, celle qui nous arrange en disant celle là, elle est trop petite, elle est trop grande, ça ne m'arrange pas. Non, il faut prendre l'ensemble. Et qu'est ce qu'il faut faire maintenant? Il faut la muscler cette colonne vertébrale. Il faut faire de la jurisprudence, c'est à dire que ça ne sert à rien cette régulation si on ne crée pas de la jurisprudence qui vient défendre notre marché.» Selon lui, loin d’être «un périmètre qui va contraindre, c'est un périmètre qui protège. C'est un périmètre qui permet de définir une surface de jeu sur lequel je m'adapte, au cadre sur lequel on a davantage de chances de gagner.»

Pour lui, «L’IA marche sur deux jambes. Elle est un peu à l'image de toute la colonne vertébrale de la DGA (Digital general act) C'est-à-dire qu'elle protège les droits fondamentaux. Donc il y a une dimension on va dire RGPD (Règlement général de protection des données), RG protège les données personnelles, la vie des gens, etc. (…) Et elle a aussi sur une dimension un peu plus offensive, elle définit un cadre de confiance. Elle pousse les IA à la conformité, à la transparence, à des critères d'éthique, etc. Qui sont logiquement à notre avantage. Donc maintenant, soit on voit le verre à moitié vide en disant "ah mais il y a des contraintes", soit on se dit "ah bah ces contraintes, elles vont embêter les géants et donc du coup ça nous donne un espace de marché». Il ajoute: «Je crois que l'arbre Mistral ne doit pas cacher la forêt des big Tech. C'est une exception qui confirme la règle. (…) On ne va pas construire toute une stratégie pour Mistral qui peut être finira aux Etats-Unis. (…)».

:: Pour aller plus loin

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