Législatives 2024

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Mais où est passée la Tech?

La Tech, un sujet grand public qui n’intéresse visiblement pas le grand public

Dans le rendez-vous mensuel de notre think tank, C’est Humain, dans l’émission Smart Tech, présentée par Delphine Sabattier, sur B Smart TV, selon David Lacombled, président de La villa numeris, «dès qu’il s’agit de mettre les innovations numériques au cœur d’un programme, il n’y a plus personne»

Delphine Sabattier, journaliste: Vous aviez regretté que la technologie soit absente de l'élection européenne. On ne peut pas dire qu'elle soit davantage présente pendant cette campagne de législatives anticipées. Pourquoi, selon vous?

David Lacombled: La technologie est un sujet grand public qui n'intéresse pas le grand public. Les candidats n'en parlent pas. Il n'y a pas beaucoup de presse sur le sujet. Vous êtes une des rares émissions à traiter du numérique sous toutes ses facettes économiques, technologiques, sociétales et politiques également.

Je me souviens d'une candidate à l'élection présidentielle réputée et reconnue pour sa maîtrise des sujets numériques et je lui avais demandé pourquoi elle ne mettait pas plus en avant cette compétence et elle m'a répondu du tac au tac qu'elle avait peur de se faire enfermer dans ce sujet et donc d'être un peu placardisé en quelque sorte. Une affaire de geek me direz-vous.

Pourtant, les candidats sont virtuoses dans l'art de manipuler les outils du numérique. Comme tout citoyen, ils savent écrire courts, se photographier, se filmer. Les selfies ont remplacé depuis belle lurette les autographes avec d'ailleurs des petites différences générationnelles. A Jean-Luc Mélenchon, les films à rallonge sur YouTube, les hologrammes.

Delphine Sabattier: Même les hologrammes.

David Lacombled: A Gabriel Attal, Instagram et à Jordan Bardella TikTok. D'ailleurs, on se demande quand il y aura un candidat sur Discord, mais dès qu'il s'agit de passer aux idées ou au programme, il n'y a plus personne.

Delphine Sabattier: Donc ça veut dire qu'en fait on dit que le numérique est partout et du coup on en parle pas.

David Lacombled: Alors que c'est un sujet vital, central pour l'attractivité de notre pays, pour son développement, ne serait-ce que pour éviter le déclassement face à deux superpuissances. Je les rappelle, les Etats-Unis et la Chine de l'autre côté, qui ne vont pas nous attendre dans ce match. Et c'est aussi vital pour le respect des citoyens, dans leurs libertés fondamentales en particulier.

On pourrait presque se réjouir, on n'en parle pas finalement, pour ceux qui sont au cœur du business, ils se disent ni vu ni connu, on va prospérer. Mais on le sait bien, l'intelligence artificielle, demain le quantique sont très consommatrices en ressources et en cash et il faut bien une puissance publique pour initier le mouvement, pour coordonner aussi les actions. Et sans cela, effectivement, on peut avoir des conséquences qui malheureusement peuvent nous faire prendre du retard. Sans compter le fait que le numérique a des répercussions sur tous les pans de notre vie. Les mobilités, donc l'aménagement du territoire, demain la santé, les nouvelles formes de travail et donc l'économie. Autant de choses dont les responsables politiques doivent s'emparer parce qu'il faut une réflexion globale et stratégique. Parce que si le numérique ne reste qu'un repoussoir pour aller chercher quelques voix supplémentaires, effectivement, ce sera peine perdue. Effectivement, c'est simple de pointer du doigt ParcourSup parce que c'est le calvaire des familles ou les écrans, parce que ça abrutirait les enfants. Et donc il faut effectivement être un peu plus ambitieux.

Delphine Sabattier: Rien ne semble trouver grâce à vos yeux.

David Lacombled: Effectivement, je reste un peu sur ma faim alors qu'il y a des très grands textes européens qui arrivent en droit national. Je pense aux Digital Services Act qui visent à mieux réglementer et respecter la concurrence entre les grands groupes, et à l’IA Act, qui entrera en vigueur dans deux ans. Autant de choses sur lesquelles il faut qu'on soit présent dans le débat européen et dans leur transposition au niveau national pour assurer à notre pays son dynamisme, sa place et finalement maintenir le souffle qui est celui pour lequel nous sommes reconnus aujourd'hui.

Alors oui, il faut partager les bonnes pratiques en matière entrepreneuriale, les créations de startups, les Tiers-Lieux dans tous les territoires de notre pays en matière d'ingénierie, d'intelligence artificielle. On n'est pas dans un match de la France irréelle contre la France séculaire, de la France virtuelle contre la France réelle. Le virtuel fait partie du réel de notre vie. C'est une chance que de pouvoir l'exprimer. Tâchons de la faire fructifier.

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