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Jeu, set et match
Le tournoi de Roland Garros pourrait renoncer aux juges de lignes pour les remplacer par des machines
David Lacombled, président de La villa numeris, refait le match dans le rendez-vous mensuel de notre think tank, C’est Humain, dans l’émission Smart Tech, présentée par Delphine Sabattier, sur B Smart TV.
Delphine Sabattier, journaliste: Sous couvert de sport, vous allez nous parler de machines et d'intelligence artificielle. On va revenir sur Roland Garros, on va se projeter aussi sur Wimbledon. Bref, on va parler de tennis, mais en fait d'une révolution qui se profile, de tournois majeurs, donc qui pourraient renoncer aux juges de ligne pour les remplacer par des machines, Vous voyez là une illustration supplémentaire de l'homme remplacé par la machine.
David Lacombled: Et oui, cela en est terminé des contestations, des balles fuyantes, des traces qu'on essaye d'aller repérer parmi tant d'autres. Et des erreurs grossières aussi. En tout cas presque, puisqu'il restera quand même un arbitre principal en haut sur sa chaise. Mais effectivement, Roland Garros se pose sérieusement la question de savoir si dès le tournoi de l'année prochaine, ils ne vont pas remercier leurs 330 juges de ligne, certes bénévoles pendant le tournoi, mais pour les remplacer par une machine dès 2025. Alors ça existe déjà à l'US Open, à New York ou à l'Open d'Australie. Alors l'affaire n'est pas simple parce qu'il y a les puristes qui considèrent que c'est avant tout un art et que chaque acteur doit y trouver sa place. C'est également un business et donc un business qui se doit d'être juste entre les principaux protagonistes et fiable dans les règles d'arbitrage qu'il donne. C'est John McEnroe. Souvenez-vous de cette star.
Delphine Sabattier: Mauvaise tête.
David Lacombled: Mauvaise tête contestataire parmi les contestataires qui, dans une interview il y a quelques jours, disaient que certainement aurait-il eu une meilleure carrière s'il avait eu de meilleurs juges et en tout cas une machine, mais sans contestation et sans ce spectacle dans lequel il excellait. Est-ce que sa légende aurait été la même? Pas sûr du tout.
Delphine Sabattier: Alors justement, qu'est-ce que le tennis a à y gagner ou à y perdre?
David Lacombled: Vous êtes prêts pour le match service machine bardée de caméras, d'algorithmes qui savent analyser la trajectoire au millimètre près? La machine est redoutable de précision. Quinze-zéro. Néanmoins, le juge arbitre et le juge de ligne savent humer le moment. Voir aussi les gestes antisportif, voire, on l'a vu d'ailleurs lors du dernier tournoi, les interactions du public et peut s'avérer néanmoins nécessaire. Quinze partout, dirons-nous. Au-delà, la machine ne fatigue pas, elle va rester stable pendant tout le match, donc son acuité, sa forme va rester égale et donc son jugement ne sera pas altéré. Elle reprend un avantage, mais néanmoins, le revers de la médaille, c'est qu'elle peut avoir des bugs. Les machines, on les connaît, parfois, ça ne fonctionne pas. Et de nouveau une égalité, 30-A.
Néanmoins, le fait d'avoir un outillage technologique peut laisser entrevoir une généralisation à d'autres tournois qui n'ont pas aujourd'hui un équipement, y compris en juges de ligne, et donc d'avoir une certaine forme d'équité au niveau global, ce qui n'est pas le cas dans le football. Le football a introduit il y a plusieurs années maintenant de cela l'assistance vidéo. La fameuse VAR qui aide les arbitres. D'ailleurs, la plupart du temps, ils ne s'y retrouvent. Mais néanmoins, on voit bien la difficulté à aller exporter des systèmes de vidéo assez lourds sur des terrains d'amateurs. Et d'ailleurs, ce qui faisait le propre d'un sport comme le football, c'était que tout le monde pouvait jouer de la même manière. Cela en est terminé. Néanmoins, in fine, effectivement, ces juges de ligne seront remplacés. On serait tenté de dire jeu, set et match.
Delphine Sabattier: Et vous êtes tenté de dire que ce qu'on retrouve là, dans le tennis, on va le retrouver demain dans toutes les organisations.
David Lacombled: On l'a déjà dit ici, on a plutôt tendance à surestimer ce qui arrive à court terme et à sous-estimer ce qui arrive à long terme. Profitons de ce temps pour réfléchir, se documenter, se former, s'informer et se préparer non pas à repousser, mais à accueillir des solutions d'intelligence artificielle dont on sait qu'elles arriveront. Je suis dans ma voiture et déjà elle me remet dans la ligne droite et c'est un premier pas vers l'automatisation des voitures. Il y a la ligne quatorze qui ouvre ces jours-ci pour accueillir les flux de passagers des Jeux olympiques. C'est des rames sans conducteur parce que ça permet de répondre à une forte tension, parce que les IA se logent dans les interstices de temps pour en améliorer la productivité. Et donc effectivement, mieux vaut pour les êtres humains de s'y préparer, de se singulariser et de se distinguer pour ne pas être remplacées par des machines. Et par d'autres hommes qui sauraient gérer les machines.
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