Faire de l’IA une grande cause nationale

Faire de l’IA une grande cause nationale

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Renforcer la culture en intelligence artificielle 

Dans un récent plaidoyer, notre think tank appelle à mettre en place un portail de ressources pour informer le grand public et veiller à réduire la fracture numérique

David Lacombled, président de La villa numeris, présente le Plaidoyer «Pour une IA à impact positif» dans le rendez-vous mensuel de La villa numeris, C’est Humain, dans l’émission Smart Tech, présentée par Delphine Sabattier, sur B Smart TV.

Delphine Sabattier, journaliste: [La villa numeris] vient de publier un plaidoyer pour une IA à impact positif. L'intelligence artificielle (IA), on en parle quand même matin, midi et soir à peu près. Et pourtant, vous appelez les pouvoirs publics à en faire une grande cause nationale. Est ce à dire que pour l'instant, il vous semble que c'est encore un débat d'initiés?

David Lacombled: C'est vrai que les intelligences artificielles sont servis à volonté et à toutes les sauces. De l'IA en veux-tu en voilà. C'est un peu comme cette série, on appelait ça un feuilleton à l'époque, Les Envahisseurs, ils sont là et même certains les ont vu effectivement, au risque de surenchères, entre des enthousiasmes passagers et des prophéties apocalyptiques, entre émerveillements et craintes. Avec effectivement un débat d'initiés. D'ailleurs, il suffit de voir le succès des conférences, des colloques, des émissions télé qui y sont consacrées, avec néanmoins un grand public qui n'est peut-être pas encore complètement au rendez-vous, même s'il y a eu une entrée fracassante de ChatGPT avec OpenAI, de Bard avec Google ou de Llama avec Meta Facebook.

Même si les IA sont déjà très présentes. Il suffit de prendre son portable pour s'en convaincre et de faire une annonce vocale pour saisir une application. Mais néanmoins, effectivement, ça n'a pas encore franchi la rampe des applications concrètes qu'on pourrait y voir. Et ne nous laissons pas endormir finalement par un sujet de colloque, il est encore temps de s'y préparer. Et effectivement, les technologies imposent de se préparer à l'avance pour mieux enfourcher son destin.

Delphine Sabattier: Oui, mais de là à en faire une grande cause nationale.

David Lacombled: Il faut prendre les rênes du changement. Et effectivement, tout retard nous serait préjudiciable parce que ça annonce des déclassements tant personnels ou de société. Est ce qu'on imaginerait aujourd'hui une entreprise sans e-mails disparus? Est ce qu'on imaginerait un dirigeant d'entreprise sans téléphone mobile? Ça n'existe pas. Ou il passerait vraiment pour quelqu'un.

Delphine Sabattier: De très original.

David Lacombled: Oui, original. Et en matière de data, à un moment où les données sont devenues un des principaux actifs des entreprises qui ouvrent la porte aux intelligences artificielles, ne serait-ce que par l'anticipation de la prédiction que cela va apporter. Effectivement, il faut s'y préparer parce qu'on voit bien que les IA savent se loger dans tous les interstices de temps, ne serait-ce que pour améliorer la productivité. Et il y a un effort majeur d'acculturation à faire pour éviter de nouvelles fractures numériques. Nous avons notre destin entre nos mains. Faut-il encore le prendre pour rester dans la conversation mondiale?

Delphine Sabattier: Avec quelles actions concrètes?

David Lacombled: Très clairement, de l'éducation et de la formation. Sur le volet formation, les entreprises, en tout cas pour les plus grandes, ont pris en main des cycles de formation, au risque d'ailleurs parfois un peu de la répétition. Mais après tout, la répétition, ça fait partie de l'intelligence artificielle. Maintenant, il va falloir quand même passer aux travaux pratiques parce qu'on ne fait pas de l'IA pour de l'IA. C'est bien pour résoudre des problèmes, pour simplifier des tâches. Et très certainement allons-nous gagner du temps? Et ce temps devra t-il être consacré à de la formation précisément? En revanche, en matière d'éducation, là, c'est tout un programme à revoir, me semble-t-il, avec très certainement des pratiques collaboratives à améliorer et très certainement un esprit critique à développer avec une prise en main des intelligences artificielles qui auront le mérite de montrer que les écrans peuvent servir à autre chose que aller sur des réseaux sociaux ou regarder des vidéos pour faire le lien avec un autre débat très récent. Je le vois.

Delphine Sabattier: Bien le lien. Alors dans ce rapport, vous écrivez également qu'on a un manque de ressources. Alors que faudrait-il faire?

David Lacombled: Les ressources existent, mais faut-il encore y passer du temps pour aller les chercher en matière éducative, stratégique, technologique, économique. Mais il n'y a pas un lieu qui les réunit. C'est pour ça que nous proposons, au sein de la Villa numérique, d'ériger un portail web dans lequel toutes ces ressources seraient accessibles, comme cela se fait d'ailleurs aux Etats-Unis. Si vous faites high gov, vous tomberez sur ce portail américain d'accès à toutes les ressources. Et c'est bien le rôle de la puissance publique de donner toutes les chances à tout le monde au même moment pour éviter les décrochages. Et je pense qu'on peut faire des choses simples, sympa et pas trop rébarbatives, ludiques, avec de la vidéo, voire même des technologies immersives.

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