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Pascal Demurger : «Plus le monde bouge, plus la vision est indispensable»

Le directeur général de la MAIF a accordé une interview au magazine INfluencia

Pascal Demurger évoque son essai «L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus» (L'Aube) dont nous avions proposé une fiche de lecture à nos membres.

:: Extrait d’une interview publiée dans INfluencia

(Numéro 41, novembre 2022)

INfluencia: Comment définiriez-vous l’adaptabilité pour une entreprise ?

Pascal Demurger: Lorsqu’on fait de la voile, on se fixe un cap, et on est amené à naviguer en fonction du vent et des courants autour de la ligne droite qui est entre le bateau et le cap. À la tête d’une entreprise, c’est la même chose, il y a toujours un jeu entre le long terme et la capacité à court terme de s’adapter au contexte. La vision, c’est aussi la responsabilité que nous avons quant aux conséquences de nos actes et décisions. C’est évidemment une thématique un peu nouvelle pour les entreprises. Mais quand on connaît l’état du monde qui nous entoure et l’impact que nous pouvons avoir, nous ne pouvons pas fuir cette responsabilité et nous sommes obligés de nous interroger sur les conséquences de nos choix. Et plus le monde bouge, plus la vision est indispensable, parce qu’autrement on se fait balloter par les flots. Avec un vrai risque, et pas seulement pour l’entreprise, aussi pour son environnement. 

(...)

INfluencia: L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus, tel est le titre de l’ouvrage que vous avez écrit en 2019. Est-ce toujours le cas ?

Pascal Demurger: Plus que jamais. Quand le livre est paru, c’était encore une manière de voir assez minori- taire, aujourd’hui ce n’est peut-être pas encore sin- cèrement majoritaire mais c’est majoritairement revendiqué. Il est à peu près impossible désormais pour un dirigeant d’entreprise de ne pas affirmer qu’il se préoccupe des conséquences de l’activité de son entreprise et de ne pas faire part de sa volonté d’agir pour le bien commun, car les attentes des consommateurs, des salariés, des futurs salariés, des étudiants et des investisseurs, ont fortement évolué.

Tout le monde presse l’entreprise d’avoir un impact positif sur l’environnement, de jouer un rôle social, d’assumer sa responsabilité au sein de la société. Donc, oui, je suis toujours convaincu de cette nécessité. Mais je pensais que les choses bougeraient beaucoup plus vite. Ce qui s’est passé depuis, c’est un développement gigantesque du purpose washing : toutes les entreprises lavent plus blanc que blanc, avec une réalité qui ne suit pas tout à fait le rythme des annonces. Pourquoi ? Parce que la grande majorité des entreprises et en particulier celles qui sont cotées vivent une tension extrêmement forte entre des impératifs financiers de court terme (verser un dividende, soutenir un cours de Bourse) et une idée de performance plus durable qui se mesure sur un temps beaucoup plus long. Je pense aujourd’hui que la situation n’évo- luera pas seule et que l’État doit accompagner les entreprises qui souhaitent s’engager.

Suite de l’entretien réservé aux abonnés d’INfluencia, le média de l'innovation & des tendances de la communication

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:: Fiche de lecture

  • «L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus», Pascal Demurger (L’aube) 🔐 Fiche de lecture réservée aux membres de La villa numeris.

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