Au pays de Molière et de Descartes

Au pays de Molière et de Descartes

Billet d'humeur de David Lacombled dans Le Parisien week-end

Maîtriser les chiffres, ça compte !

Mieux vaut savoir jongler avec les mots qu’avec les chiffres. C’est étonnant, mais c’est ainsi. Ne pas connaître les règles de calcul est socialement mieux accepté que de ne pas maîtriser celles de grammaire, de conjugaison et d’orthographe.

Or, pour compter (dans la société), il faut aussi savoir compter. Certes, notre belle langue porte la liberté, la connaissance et la culture, et elle contribue encore au rayonnement de notre pays. Mais dans un monde qui se numérise à grands pas, les lacunes d’aujourd’hui peuvent se transformer en déclassement demain. Car à dédaigner les mathématiques et, au-delà, les sciences, à leur substituer le hasard et les croyances, c’est à une faillite collective que nous nous préparons.

Si le reste de la planète code nos vies, nous en perdrons le fil. Les Etats-Unis et l’Asie dominent aussi le monde grâce à leur puissance de calcul. Au quotidien, Google, Amazon, Netflix ou TikTok nous rendent de précieux services. Ils nous distraient aussi grâce à la connaissance intime qu’ils ont de nous par l’accumulation de données décrivant parfaitement ce que nous sommes et ce que nous aimons. Non seulement nos attentes et nos goûts sont connus, mais ils sont le plus souvent prévisibles, et donc anticipés.

Pour reprendre la main, l’Europe se doit de former et de retenir des talents maîtrisant les langages de programmation informatique. L’apprentissage des mathématiques s’impose comme une vertu cardinale de la souveraineté.