#DigitalTrends Compte-rendu de la rencontre du 18 novembre 2020
La continuité pédagogique au temps du confinement
La salle de classe comme fond d’écran. Ce que la crise sanitaire révèle du potentiel du numérique éducatif
Le tableau, la sonnerie de midi et la cour de récréation ont été mises de côté, au printemps 2020, pendant le confinement dû à la crise sanitaire du Covid-19. Le monde de l’éducation a su révéler rapidement son potentiel numérique afin d’assurer une continuité pédagogique.
Lors de la rencontre #DigitalTrends du 18 novembre 2020, les enjeux propres au numérique éducatif ont été mis en exergue à l’occasion de la présentation, en avant-première, du livre blanc de la Fondation IA pour l’Ecole et de l’Institut de France «Confinement et continuité pédagogique : ce que la crise sanitaire révèle du potentiel du numérique éducatif» auquel La villa numeris a contribué.
Ainsi, pendant le confinement, il y a eu plus de 450% de connexions sur les espaces virtuels d'apprentissage (ENT) avec des pics jusqu’à 7 millions d’utilisateurs uniques quotidiens selon le livre blanc.
Le numérique premier de la classe ?
«Le confinement a précipité les évolutions en cours» explique la sénatrice de la Seine-Maritime, Catherine Morin-Desailly. En effet, «sous l’effet de la surprise», il était nécessaire de «s’adapter directement», rappelle le fondateur d’Open Value et président de la Fondation IA pour l’école, Guillaume Leboucher.
Les disparités persistent ainsi qu’en témoignent les chiffres. Le livre blanc présenté par Guillaume Leboucher évoque, notamment, les défis de l’enseignement à distance alors que 500.000 élèves n’ont pas accès à un ordinateur chez eux. L’écart s’est aussi creusé du point de vue des professeurs avec «une disparité entre les professeurs habitués et les autres qui ont appris à travailler en ligne et à échanger» explique-t-il.
D’ailleurs, Catherine Morin-Desailly souligne que «les outils qui permettent la distanciation ne relèvent pas des ressources pédagogiques numériques». Pour la sénatrice, «le bilan de 50 ans de plans numériques est en demi-teinte jusqu’à maintenant. A défaut d’une stratégie globale construite dans un véritable partenariat et réflexion partagés, on avait une appropriation du numérique éducatif en demi-teinte». Le livre blanc évoque par ailleurs l’enquête TALIS menée par l’OCDE en 2018 relevant que «57% des directeurs d’école et 30% des principaux de collèges déplorent un équipement numérique insuffisant pour assurer un télé-enseignement de qualité».
L’appréhension est cruciale : «si on comprend la finalité des outils, on est peut être allé plus loin» note Guillaume Leboucher. Alors que la culture a, parfois, été mise de côté quant à la continuité pédagogique, des initiatives ont été porteuses à l’image de l’application NomadPlay qui s’adresse aux musiciens amateurs ou professionnels quelque soit le niveau. Ceux-ci peuvent jouer avec le suivi de partition, de vrais orchestres et de vrais sons. Cela permet de «pallier la solitude de la personne qui répète chez elle», explique la fondatrice et PDG Clothilde Chalot. Occasion de «répéter dans de bonnes conditions pour rejoindre les copains ou l’orchestre professionnel», note-t-elle expliquant avoir tenu à un accès à la culture gratuite pendant le confinement. Elle souligne le rôle des élèves quant à la formation au digital : «une vraie transmission dans les deux sens».
Le numérique permet d’appréhender autrement le rôle d’enseignant. Ainsi, dans sa thèse professionnelle «Comment les technologies impactent-elles le rôle de l’enseignant de demain ?», Hélène Azevedo met en exergue le rôle de la transformation numérique sur l’enseignement scolaire. En outre, « 78% des personnels éducatifs interrogés sont convaincus que les outils numériques peuvent aider à la progression des élèves » dans le livre blanc.
Faire classe
«L’éducation nationale, les chefs d’établissement et les professeurs ont répondu présents» considère Guillaume Leboucher. Ainsi, selon le sondage IFOP portant sur «Le regard des parents sur l’école à distance » de mai 2020, cité dans le livre blanc, 75% des parents ayant au moins un enfant scolarisé dans le primaire ou le secondaire se déclarent satisfaits de l’école à distance».
Le numérique a, notamment lors du confinement, comme finalité de «transmettre et permettre des apprentissages». Ceux-ci se font «plus adaptatifs» explique Guillaume Leboucher. Ainsi, pour Catherine Morin-Desailly, «le numérique peut aider à remettre les élèves au coeur de leur apprentissage, c’est une approche complémentaire et différenciée». A titre d’exemples, «le numérique peut permettre une individualisation de l’évaluation, de mesurer ses propres progrès, d’aider les élèves en situation de handicap» explique la sénatrice.
Pour le mathématicien, philosophe et sociologue, Michel Authier, «à distance, la classe peut être vivante et croitre». «Ce qui est important, ce sont des outils au service de l'enseignement» explique Catherine Morin-Desailly ajoutant que «rien ne remplace un enseignant. Le numérique n’est qu’un moyen, pas une fin en soi : il ne faut pas perdre de vue que l’enseignant reste maître de sa classe.» «La motivation de l’apprenant » est louée par Michel Authier, qui a participé au livre blanc. «Tout le monde a été apprenant ; élèves et enseignants.» Il considère que «s’il y a un milieu confiné depuis toujours, c’est la classe. Le confinement social a déconfiné la classe. Il a libéré la classe de la charge institutionnelle, qui pèse sur elle et qui l’enferme au sein même de l’institution».
La question de la souveraineté
«Une grande attention doit être portée sur la constitution d’une filière française de production de ressources pédagogiques. Notre système dépend, trop souvent, des géants américains qui n’ont pas la même législation en matière de protection des données en dépit du RGPD» explique la sénatrice. En effet, pour Guillaume Leboucher déplorant «le retard que l’on a» souligne que «les GAFA sont les premiers sur la captation de données.»
«Les données de l’éducation sont des données sensibles parce que celles de jeunes. Il est donc important que la question de la souveraineté des données soit garantie» explique la sénatrice. Aligné sur le besoin de souveraineté, Guillaume Leboucher invite à accélérer les uns et les autres et rappelle que «ce sont les données de nos enfants.» En raison de ces données extrêmement sensibles, Catherine Morin-Desailly met en garde contre le recours à «des plateformes qui n’offrent pas toutes les garanties nécessaires à notre souveraineté.» . Ainsi, Guillaume Leboucher prône «une intelligence artificielle (IA) européenne au service de l’éducation». D’après lui, «le rôle du privé va être essentiel».
De l’importance de la formation. La sénatrice de la Seine-Maritime souligne «l’absolue nécessité de mettre des moyens dans la formation initiale et continue au et par le numérique». Cette formation porte sur trois sujets : la maîtrise des outils technologiques, la connaissance et la compréhension de l’écosystème dans lequel je me trouve pour parvenir à lutter contre les menaces (cyberharcèlement, infox…) les ressources pédagogiques... Elle insiste sur la nécessaire formation des formateurs et des citoyens et leur montée en compétence.
A vos cahiers et visios, l’école se réinvente.
//. Nos grands témoins :
Guillaume LeboucherCEO d'Open Value, fondateur de la Fondation IA Pour l'école |
Catherine Morin-DesaillySénatrice de la Seine-Maritime |
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avec les éclairages de Clothilde Chalot, fondatrice et PDG de NomadPlay, et de Hélène Azevedo, responsable marketing.
//. Pour aller plus loin :
Un livre blanc «Confinement et continuité pédagogique : ce que la crise sanitaire révèle du potentiel du numérique éducatif» pour comprendre et anticiper :
- L’Éducation nationale confrontée aux défis de l’enseignement à distance ;
- Faire du numérique éducatif et de l'IA une opportunité pour l’Éducation nationale.
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//. En partenariat avec :
La Fondation IA pour l'Ecole a pour but de présenter l’intelligence artificielle à 400.000 personnes du monde de l’éducation, de les éclairer sur ses réalités et ses enjeux !
“L’intelligence artificielle pour l’école” est un mouvement qui permet de relier l’éducation et l’intelligence artificielle. Sa philosophie est de créer des ponts entre les pionniers de ce nouveau monde et tous les acteurs de l’éducation que sont les éducateurs, les chercheurs, …
L’IA doit devenir un savoir universel. Elle ne doit pas être réservée aux plus doués en mathématiques et va devenir une matière à apprendre comme la physique ou l’histoire. Le but de la fondation est de faciliter l’accès à l’IA à tous les acteurs de l’éducation et aux élèves.