Fiche de lecture
MĂ©tropolisation sans fin
La Real Estech, de la disruption à la maturité. A son tour l'immobilier vit une transformation en profondeur annonciatrice d'une nouvelle organisation des villes.
«La technologie permet de se dĂ©placer diffĂ©remment, de consommer diffĂ©remment, de travailler diffĂ©remment». Les changements induits, comme le souligne Xavier Niel, sont manifestes dans nos pratiques. La technologie est, chaque jour davantage, partie prenante de lâimmobilier, alors que les villes se redessinent, fortes dâun renouvellement pressant de lâoffre.
«Dâici 2030, les villes accueilleront un milliard dâĂȘtre humains supplĂ©mentaires et trois milliards dâici 2050», estime Robin Rivaton dans son essai «Lâimmobilier demain». Le fondateur de la communautĂ© Real Estech y met en exergue nombre dâinitiatives et dâexemples concrets portĂ©es par lâunivers lâimmobilier qui connait, grĂące au digital, une vraie rĂ©volution. En tĂ©moignent lâattrait pour ce secteur qui comptent 22 licornes,10 amĂ©ricaines et 12 chinoises. Â
De la complexité et du mouvement
«Seulement 2 heures 30 de nos journĂ©es en moyenne se dĂ©roulent hors des bĂątiments», explique Robin Rivaton. Le dĂ©cor urbain tend Ă sâĂ©tendre et Ă peser. En effet, il souligne quâ«en 2030, les 750 villes de plus dâun million dâhabitants que comptera la planĂšte produiront prĂšs des deux tiers de la richesse mondiale». Le gĂ©rant dâun fonds dâinvestissements des start-ups de la ville de demain dans la mobilitĂ©, lâĂ©nergie et le bĂątiment, met en lumiĂšre les phĂ©nomĂšnes participant du besoin de «renouvellement de lâoffre» Ă lâimage de lâ«exigence de diminution de la consommation Ă©nergĂ©tique des bĂątiments» et de «la recomposition des modes de vie», et de la «mĂ©tropolisation».Â
Aussi, lâauteur note que «lâactivitĂ© Ă©conomique se nourrit toujours plus dâĂ©changes impliquant une proximitĂ© gĂ©ographique». De ce fait, «lâactivitĂ© est donc plus concentrĂ©e dans un certain nombre dâespaces strictement limitĂ©s, en lâoccurrence, les mĂ©tropoles».Â
La propriĂ©tĂ© immobiliĂšre se voit questionnĂ©e par nombre dâacteurs. «Pour les petites organisations comme pour les gĂ©ants du CAC 40, la politique immobiliĂšre qui accompagne la stratĂ©gie dâensemble est devenue plus complexe, renforçant la prĂ©fĂ©rence pour la location plutĂŽt que la propriĂ©té». Lâoccupant se replace au centre. Nombre dâoutils existent pour «amĂ©liorer la gestion opĂ©rationnelle et comptables». Les portails dâannonce, vĂ©ritable phĂ©nomĂšne de concentration, sont en position de domination : «en France, 92% des transactions immobiliĂšres ont dĂ©butĂ© sur Internet».Â
Le trĂšs prĂ©cieux numĂ©riqueÂ
«Des technologies software et hardware, viennent ensemble bouleverser toute la chaĂźne de valeur du secteur immobilier». Celles-ci prĂ©sentent beaucoup dâatouts pour les parties prenantes. Ainsi, «le numĂ©rique permet de rĂ©duire les frais dâintermĂ©diation, de baisser le coĂ»t dâentrĂ©e, dâĂ©tendre les champs dâinvestissement possibles et de rĂ©duire lâasymĂ©trie dâinformations». Lâinvestissement, «ressource rare Ă mieux utiliser», juge Robin Rivaton, prend appui, en grande partie sur le foncier. Aussi, des structures anglosaxonnes ont investi cette industrie. Il cite Envelope aux Etats-Unis et Landinsight au Royaume-Unis qui «numĂ©risent et tiennent Ă jour les plans locaux dâurbanisme. Avec ces outils il est possible dâidentifier trĂšs rapidement les parcelles disponibles correspondants Ă des critĂšres prĂ©cis, comme la proximitĂ© avec une bouche de mĂ©tro ou la surface constructible». Par exemple, «le logiciel dâEnvelope gĂ©nĂšre mĂȘme plusieurs scĂ©narios dâarchitecture afin dâaider lâopĂ©rateur Ă visualiser les opportunitĂ©s offertes par une parcelle donnĂ©e». La transformation est de mise notamment pour lâindustrialisation de la construction. Robin Rivaton prĂŽne ainsi : «la conception», «le suivi numĂ©rique ses sites de production centralisĂ©s et automatisĂ©s» et «une mĂ©thode dâassemblage au plus juste (lean manifacturing)».Â
De fortes attentesÂ
«Si lâimmobilier est aussi singulier, câest parce quâaucun autre nâest empreint de reprĂ©sentations sociales et culturelles aussi fortes», relate celui qui a fondĂ© la plus large communautĂ© pour lâinnovation dans lâimmobilier en France. Evoquant les outils digitaux, Robin Rivaton Ă©voque «le 1er dĂ©fi concernant le contenu des annonces» : «la visualisation des biens pour aider les potentiels acquĂ©reurs Ă se projeter». Lâimmobilier devient un service : «on ne consomme pas des mĂštres carrĂ©s mais un ensemble de services complets de plus en plus personnalisĂ©s qui peuvent ĂȘtre adaptĂ©s en permanence».Â
La startup française Meero, nĂ©e en 2014, a dĂ©jĂ levĂ© 300 millions de dollars : «lâimmobilier, la transaction et la location» reprĂ©sentent aujourdâhui un quart de son chiffre dâaffaires ». Les investissements et les projections individuels y sont nombreux. Les freins, pourtant, persistent dans «ce secteur Ă©conomique particulier».
« Nos villes ont du mal Ă renouveler leur bĂąti alors mĂȘme que leurs usages ont considĂ©rablement Ă©voluĂ© et que lâimpĂ©ratif de performance Ă©nergĂ©tique est plus fort que jamais». Et pourtant, les investissements sont de faible ampleur : «sur les mille entreprises europĂ©ennes qui investissent le plus en R&D, seules 38 appartiennent au secteur de la construction» Ce dernier est, selon Robin Rivaton, «sans doute lâun des segments du secteur de lâimmobilier dans lequel les gains de production sont Ă venir».Â
Aussi, la technologie sâapparente bien Ă un acteur majeur qui ne peut se contenter dâĂȘtre seul sur scĂšne comme le considĂšre Xavier Niel, dans la prĂ©face de «LâImmobilier demain», «le numĂ©rique et les nouvelles technologies sont au cĆur de lâimmobilier mais ils doivent ĂȘtre reliĂ©s, Ă nos inspirations au service de lâhumain».
:: Pour aller plus loin :
LâImmobilier de Demain (2e Ă©dition), Robin Rivaton (Dunod)Â >> Acheter le livre