#DigiLex Citoyenneté

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Internet, nouveau parlement du peuple ?

Compte-rendu | Benchmark Photos 

A la fois processus et plateformes, les civic tech ont émergé en nombre. Occasion, pour les citoyens, de s’approprier les enjeux du débat public. Retour sur la deuxième édition du rendez-vous #DigiLex qui a eu lieu, mercredi 31 mai, au Palais du Luxembourg. Et dont Jérôme Sainte-Marie, sondeur et président de Polling Vox, était le grand témoin.

« Le comptoir d’un café est le parlement du Peuple. » Et si les mots d’Honoré de Balzac nous emmenaient aujourd’hui vers l’univers d’internet au regard des liens et interactions qui s’y tissent dans le champ du politique ?

Le contexte des élections présidentielles est éclairant avec un « Internet mutant » comme le souligne David Lacombled, fondateur de La villa numeris. En 2007, le web était associé aux vidéos. Un quinquennat plus tard, ce sont les réseaux sociaux qui sont au centre. Pour les présidentielles de mai 2017, il explique que  ce sont «  les datas ». Le sondeur Jérôme Sainte-Marie, brossant un parallèle avec le référendum de 2005, évoque ainsi « les différentes technologies prises en main par les citoyens à des fins de mobilisation » à l’occasion de la dernière présidentielle.

Une force de mobilisation

Les initiatives prises par les citoyens  sont légion. Ainsi, Julie Poidevin, co-fondatrice de Treize Articles, présente les civic tech du monde entier en interrogeant leur rôle. Sont-elles « au service des politiques ou destinées à les faire disparaître ? » L’objectif souligne-t-elle est d’ « élargir massivement le nombre de citoyens participant à la décision publique ». Elle précise que la plupart des initiateurs des civic techs ont un parcours politique ou associatif.

Des civic tech ont pour objectif d’informer et de faire interagir les citoyens. Ainsi, le forum Questionnez vos candidats favorise l’échange direct entre citoyens et candidats. Autres initiatives mises en avant : celles prônant la consultation à l’image du réseau social citoyen et local Fluicity qui entend partager la prise de diction avec les citoyens. DemocracyOS est une plateforme destinée à impliquer les citoyens dans la construction de la loi. Etalab a ainsi effectué des consultations via cette plateforme.

Autre objectif des civic tech : la mobilisation. Retenons We The People initiée par la Maison Blanche. Dès que 100 000 signatures sont atteintes, elle s’engage à un retour sous un mois. Le droit d’adresser des pétitions au gouvernement est, en effet, inscrit dans le premier amendement de la constitution.

Redonner sens à la démocratie

L’organisation est, aussi, un moteur des civic tech à l’image de Démocratie ouverte,  un collectif citoyen indépendant. Les pays signataires de la charte d’open governement partnership, initiative internationale, s’engagent à respecter la démocratie.

Les civic tech sont au cœur des sujets qui émergent. « Ce sont des laboratoires » souligne Julie poidevin. La plateforme Baztille demande, aux citoyens, leur avis et veille à ce que les élus Baztille respectent leurs engagements. Ma Voix entend promouvoir le renouvellement de la vie politique avec des acteurs de la société civile à l’occasion des élections législatives.

L’agenda des civic tech est marqué par la volonté de sensibiliser les décideurs. David Lacombled considère ainsi Internet comme «  un catalyseur de mouvements comme le Printemps Arabe ou celui des favelas au Brésil où toute pauvreté devient désormais visible. »  Cette mobilisation des citoyens est de plus en plus présente. Facebook, se rapproche d’un mas media « très représentatif » pour David Lacombled.

Prendre en compte les forces existantes du débat public

« En France, on a des corps intermédiaires» explique le sénateur de la Somme Jérôme Bignon. Les modes institutionnels de pression comme les syndicats ou le patronat  sont bien présents et à considérer. « Ils sont nécessaires. » confirme le sondeur et fondateur de Polling Vox, Jérôme Sainte-Marie qui considère que «  pour ne pas être dans une société autoritaire avec un chef et des individus, il faut des corps intermédiaires. » Il s’interroge toutefois  sur l’existence « des pouvoirs constitués en dehors du sommet de l’Etat ».

Le sénateur Jérôme Bignon, relève la présence d’autres enjeux comme celui de « la fracture entre les citoyens pour les civic tech notamment en zone rurale ». Cette fracture concerne à la fois les « équipements et les usages » explique David Lacombled qui prend en compte l’apprentissage des citoyens : «  quel est le code social des réseaux ? » Les risques de « décrochage et de tension » sont nombreux en raison de la forte considération des marques pour les citoyens « grâce à la data ».Ces derniers ne se sentent pas traités par les pouvoirs publics ou par leurs entreprises de la même manière.

Un levier pour peser dans le débat public

 « Ce qui est nouveau, c’est  l’individu qui s’organise en collectivité ». Pour Jérôme Bignon, internet est un « moyen de rentrer dans le débat. » Il se doit d’être appréhendé « comme une force de pénétration et d’infiltration ». Bien que des améliorations se doivent d’être effectuées, il faut « qu’on s’en saisisse » lance Jérôme Bignon, « partisan d’une amélioration du travail législatif ». D’ailleurs, les deux révélations de cette campagne ont été « En Marche » et « La France Insoumise » pour Jérôme Sainte-Marie. « Elles ont eu recours à des plateformes et à une mobilisation de terrain très importante. Avec internet, tous les éléments de collectif de l’individu ont été réactivés. »  

Les acteurs politiques et décisionnels, comme le CESE avec le droit de pétition, prennent conscience de la volonté pour les citoyens de prendre pleinement part au débat public et de faire valoir leurs droits.

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